Étiquette : totalitarisme

L’œil de Caïn

Les derniers instants de sa vie auront été l’objet d’âpres batailles juridiques dont il ne pouvait avoir conscience. Des adultes de haut rang se disputaient pour savoir s’il avait le droit d’espérer des soins ou s’il finissait par coûter un peu trop cher à l’assistance publique. Bien entendu cela n’était pas formulé dans des termes aussi crus : les amis de l’euthanasie ont appris à utiliser les subtilités de la com’ en évitant les mots qui blessent. Bien que sa maladie ne fût pas clairement identifiée, on nous affirmait qu’il n’existait aucun espoir pour qu’il puisse aspirer à une vie normale, cool et surtout financièrement correcte. En gros, le débrancher, c’était lui rendre service. S’il avait pu s’exprimer, il aurait même dit « merci ».

Le petit Alfie est mort. Il a quitté ce monde étrange dans lequel ceux qui se prétendent « humanistes » sont si prompts à donner la mort aux plus faibles. On ne peut pas vraiment compter sur ces derniers pour cotiser ni pour booster la croissance économique. En plus, ils ne votent pas.

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Les maçons du cœur

Il y a tout juste cinquante ans, les dirigeants est-allemands durent ériger un mur afin d’endiguer l’afflux d’occidentaux avides de collectivisme et de folles virées en Trabant. Force est de constater que ledit mur fut d’une redoutable efficacité, au vu du nombre dérisoire de transfuges vers ce paradis communiste.

Solidaires ? Non : grégaires !

Je viens vous parler d’un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître. Le ministre de l’Éducation Nationale d’alors s’appelait Monory, mais il se fit voler la vedette par son délégué chargé de l’enseignement supérieur, Alain Devaquet. Ce dernier profita de son passage éclair au gouvernement pour énerver une bonne partie de la jeunesse – il eût été bien sot de s’en priver. Et c’est une bavure policière, rue Monsieur le Prince, qui mit fin aux jours d’un malchanceux allergique aux coups de matraque, ainsi qu’au projet de loi qui avait déclenché l’ire estudiantine.

Entretemps, les manifestations se multiplièrent, au rythme du désormais célèbre « … si tu savais, ta réforme, où on s’la met… ». Dans mon lycée, un quarteron d’élèves au charisme dévoyé nous répétait scrupuleusement les mots d’ordre que des adultes avaient mis dans les crânes. Une prof d’histoire-géo – physique ingrat et pull-over rouge – tenait lieu de commissaire politique. Ensemble, ils galvanisaient leurs camarades et les exhortaient à lutter contre le Mal, c’est-à-dire le RPR.

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