Je dois confesser mon espoir que quelque militant – ou simple compagnon de route – de la FIDL échoue ici, probablement suite à une requête mal orthographiée sur Google, et lise – selon la fameuse méthode globale dont il est l’un des dégât collatéraux – ce texte qui va dire du mal de lui et de ses sbires ridiculement grandiloquents.
La propagande actuelle nous affirme que, bien qu’ils soient encore en plein apprentissage, ces teenagers sont déjà en mesure de saisir tous les enjeux posés par les questions de géopolitique ou de macroéconomie. En oubliant que leur niveau culturel correspond, peu ou prou, à celui qu’avaient leurs aïeux à l’école primaire. Mais conscients du potentiel tactique que représente cette masse de jeunes, quelques politiciens rusés font mine de s’enthousiasmer devant une telle aptitude à se mobiliser pour faire les clowns dans la rue. Bien entendu, personne ne songerait à soupçonner ces lycéens de se saisir de prétextes politiques pour sécher les cours en toute impunité, hein… Usant de toute la démagogitude dont elle est coutumière, Ségolène Royal les a envoyés dans les pattes du président Sarkozy, son ennemi juré. Il faut bien que servent à quelque chose ces gangs d’écervelés.
J’ai déjà évoqué cette attitude très particulière des militants lycéens à l’égard de la démocratie : ils se drapent de grands principes républicains tout en adoptant des réflexes que l’on aurait pas reniés sous la Révolution Culturelle. Leur pseudo-humanisme ne se cantonne qu’à la portion de la population qui partage leurs idées. Quant aux autres, qu’ils crèvent ! J’en veux pour preuve ces interviews publiées sur le skyblog – LOL – de la FIDL, il y a quelques années. Notons que le blog est tombé en déshérence depuis, probablement suite à l’obtention inattendue du baccalauréat par son administrateur, parti vers d’autres cieux – fac de socio et permanence à l’UNEF. Plusieurs membres du syndicat s’y voyaient proposer un genre de questionnaire de Proust dont les questions étaient adaptées à leurs capacités cérébrales.
À toutes fins utiles, citons au préalable ce passage lyrique consacré à la violence contre laquelle est engagée une lutte sans merci : « La violence, il y en à partout… Que ce soit verbale, des insultes directes, des insinuations, des mots rabaissants… Ou bien physique… Cela est inadmissible et nous devons tous lutter contre ce fléau qui est un bâillon à la liberté d’expression, d’exister… Au bahut ou dans la rue, dénoncer ces actes odieux ! La FIDL ==> réagit, si vous êtes victimes ou témoins, envoyer un mail à stopviolence@fidl.ord ». On a compris : la violence c’est mal, de même que la discrimination à l’entrée des boites de nuit, la guerre atomique, le trou de la couche d’ozone et l’acné juvénile. Pourtant, nos apôtres du bon sentiment ne s’embarrassent pas de scrupules lorsqu’ils lancent cette question subsidiaire à chacun de leurs camarades : « Si vous aviez le droit de flinguer quelqu’un, qui choisiriez-vous ? ». Et il ne s’agit pas d’humour : on est entre militants droit-de-l’hommistes qui ne plaisantent pas avec l’avenir du monde. Non, c’est juste l’illustration parfaite du militantisme de ces jeunes : ils se gargarisent de termes galvaudés – comme on le fait dans les sinistres républiques dites « démocratiques » – qu’ils contredisent dès qu’ils abandonnent la langue de bois pour laisser parler leur cœur. Donnez-leur un peu pouvoir et ils en feront une dictature.
Pour l’anecdote, les réponses obtenues sont d’un conformisme affligeant : les deux cibles favorites de ces petits donneurs de leçon en vertu citoyenne sont George W. Bush et Nicolas Sarkozy – dont le nom de code est Napoléon ou Naboléon, selon. Plus subtile est celle faite par Oriane : « Sarko et une fille dont je ne citerai pas le nom ». Voilà une écolière qui a déjà tout compris du fonctionnement des purges : on profite d’une vague d’exécutions politiques pour assouvir quelque basse vengeance personnelle. Savoir concilier utopie et réalisme, c’est ça le vrai sens politique.
Sinon, je voulais ajouter un truc, mais j’ai oublié quoi.