Catégorie : Fides

Santo subito !

Comme il était en route et approchait de Caracas, une lumière venant du ciel l’enveloppa soudain de sa clarté. Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : « Jean-Luc, Jean-Luc, pourquoi me persécuter ? ». Il répondit : « Qui es-tu, Seigneur ? ».

Voici le récit de sa conversion tel que la Légende Dorée aurait pu le narrer. Mais personne ne sait comment un tel prodige a pu survenir tant notre matamore bolivarien semblait cramponné à son anticléricalisme viscéral. On imaginait le membre premium du GODF bouffer du curé hasta la victoria. Mais la divine Providence en a voulu autrement. Jean-Luc est devenu un agent zélé de la bigotterie ultramontaine à une vitesse qui flirte avec les 300.000km/s.

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Saint-Merry libéré

L’archevêque de Paris a décidé de mettre un holà à cette foire pseudo-concilaire installée dans cette église qui ne méritait pas cette occupation comparable à un squat – ne manque que les tags sur les murs et les cannettes de bière au sol. Pour le reste, tout y est dans l’idéologie progressiste : refus de l’autorité, de la doctrine, de la liturgie. Bref, de toute marque de catholicisme. Vous aviez instauré un soviet dans une paroisse qui n’en demandait pas tant, juste de pouvoir assister à la messe – plutôt qu’à un cirque bavard – et à approcher des prêtres que vous avez vus – pour les récalcitrants – comme des ennemis de classe. Vous n’êtes pas pour la réforme mais pour la révolution culturelle, avec cette sensibilité de Gardes Rouges pour ceux qui représentent, à vos yeux, les tenants d’un pouvoir révolu et honni.

Contrairement à ce que vous pensez, vos gesticulations ne sont pas les fruits du Concile mais juste quelques épluchures en chemin vers le compost. L’état de vos troupes en est la meilleure preuve : un aréopage de vieux croûtons qui tuent le temps en jouant au curé et, accessoirement, en pourrissant la vie de celui qui en a – et pour son grand malheur – canoniquement le titre. Mais, enfermés dans vos lubies soixante-huitardes et votre charité sélective vous avez instauré une ZAD avant-gardiste – ou gauchiste et plus, si affinités – dans une église paroissiale qui ne vous appartient pas et que vous avez néanmoins confisquée progressivement aux fidèles catholiques qui n’ont que faire de vos combats anticléricaux aux relents de naphtaline. Bien entendu, vous éprouvez la plus grande indifférence pour ces derniers. Sauf quand vous êtes un peu plus ronchons et venez à les considérer avec quelque mépris comme des « bons catholiques ». Chez vous, il ne s’agit pas d’un compliment, on aura deviné. Vous vous réclamez de Vatican II ; qu’en connaissez-vous, au juste ? En avez-vous lu les constitutions principales ? À ce propos on pourrait vous prendre tantôt pour des ignorants, tantôt pour des imbéciles. En l’occurrence, j’opterai pour l’inclusivité : les deux, mon adjudant !

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Sous-pape

Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Rien de nouveau dans ta boîte aux lettres, excepté les prospectus publicitaires pour l’hypermarché et la salle de sport voisins ? Toujours pas de réponse à ta candidature spontanée pour le siège épiscopal de Lyon ? Tu n’avais pourtant pas tardé pour faire savoir que tu possédais les compétences idoines, prenant de vitesse le Pôle Emploi du Saint Siège qui n’avait pas encore publié de petite annonce. Maintenant, on est en pleine période de vacances scolaires ; peut-être te faudra-t-il patienter jusqu’à la rentrée si ta missive atterrit sur le bureau du Pape tandis que celui-ci farniente à Castel Gandolfo. J’espère, d’ailleurs, qu’il sera bien reposé quand il en prendra connaissance, à son retour. S’il se fend d’une bulle te concernant, ton plan de carrière ecclésial pourrait en prendre un sale coup.

As-tu bien pensé à joindre ton CV ? Celui-ci présente un brillant cursus biblique et théologique. D’aucuns en conclueront hâtivement que tes propos tiennent la route. Malheureusement, les diplômes ne préservent ni de l’hérésie ni de l’idéologie et encore moins des poussées de mégalomanie. Regarde le frère Hans qui, depuis un quart de siècle, s’est lancé dans son combat desepéré – mais lucratif – contre l’Église. Oui, contre l’Église : en s’en faisant l’accusateur, avec une bonne foi qui laisse à désirer. Car lorsqu’ils débitent des contre-vérités à tour de bras, les sachants n’ont pas d’excuse. Voici que tu déclares : « C’est une proposition qui décoiffe et questionne profondément l’Église. Mais il faut bien comprendre que je suis quelqu’un d’intérieur à l’Église. J’ai une compétence affirmée. » Une compétence en quoi ? En coiffure ?

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Mauvaise presse

En ces heures sombres de pandémie, les murs ont des oreilles. On voit resurgir ces contribuables exemplaires qui reprennent les bonnes vieilles habitudes – peut-être ataviques – consistant à dénoncer le voisin aux autorités, au cas où. « Sur un malentendu, ça peut marcher. » affirmait Jean-Claude. Particulièrement lorsqu’il s’agit du murmure des orgues de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, ce conservatoire idéologique d’un catholicisme hibernatus qui aurait préféré que la Parousie se déroule au XIXe siècle, dernier délai. Voilà que ses paroissiens auraient péché contre la crainte du coronavirus. Concernant le respect des mesures barrière, on a été bien moins pointilleux dans d’autres circonstances – funérailles ou marches blanches – : les protagonistes y sont généralement beaucoup plus vindicatifs dès qu’on les contrarie que le VLM en loden.

Certains médias ont fait une croix sur la déontologie afin de se payer les « adorateurs de Pâques » qu’il est bon d’épingler dès qu’une occasion se présente, progressisme oblige. Mais quand c’est Le Point qui lance les hostilités, on voit une quasi-union sacrée à sa gauche se mettre à sa suite en faisant l’impasse sur le fact-checking d’ordinaire tant vanté.

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France Sphincter

Il y a quelques jours, la station de radio étatique a diffusé une chanson-sketch qui a, comme on dit, fait le buzz. Un chansonnier – plutôt que chanteur – y déclamait « Jésus est pédé » en accompagnant sa coprolalie d’accords de guitare, pour le côté artistique. Sur France Inter, ce genre de prestation est apprécié à sa juste valeur. On vous paye même pour ça : pas de problème, c’est l’argent du contribuable.

Les ricanements de ses collègues présents dans le studio font comprendre qu’ils sont en pleine communion avec lui. Il couine tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Ceci dans le plus scrupuleux respect de la ligne éditoriale de l’émission : tout ce qui heurte le progressisme écolo-sociétal doit faire l’objet de dénigrement et de sarcasmes. C’est une question d’éthique. Et de relation-clientèle.

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Bras d’honneur

Quand Anne Hidalgo reçoit des maçons à l’Hôtel de Ville de Paris, ce n’est pas nécessairement pour refaire l’enduit des murs ou colmater quelque fissure dans son palais presque royal. Parfois, c’est uniquement pour son bon plaisir, à condition que les maçons en question portent sautoir et gants – le bleu de travail et le bob, elle trouve ça moins sexy.

Son quartier général est une sorte de bunker idéologique bien à l’abri de la trivialité vécue par les citoyens. Parmi tous les fléaux qui s’abattent sur la populace, le dernier en date est la prolifération des rats, bestioles nihilistes qui n’ont même pas la décence d’épargner les quartiers pittoresques de la capitale. D’aucuns y discerneront un châtiment divin pour punir les électeurs d’Anne Hidalgo, d’autres n’y verront que la conséquence de la saleté ambiante. Pendant ce temps-là, à la mairie, on célèbre Che Guevara et les Femen, le guérillero sanguinaire et les baudruches hystériques, on organise des visites de musée à poil et du bal musette dans les cimetières.

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Carré d’as

Les pontes de la France Insoumise semblent avoir le culte qui les démange. À les écouter, le danger qui menace le pays, c’est ce petit reste de catholicisme que la Terreur révolutionnaire et la Troisième république ont laissé malgré elles. Dans leur conception totalitaire de la laïcité, la visibilité même de signes ostensibles – selon la célèbre expression redondante – de religiosité est source de scandale et probablement, chez certains d’entre eux, d’érythème mal placé.

Depuis leur arrivée à l’Assemblée Nationale, les élus mélencho-bolivariens n’ont eu de cesse de se faire remarquer, et rarement pour leur tenue. Dans leur esprit, le tribun de la plèbe doit être imbuvable afin de montrer à ses électeurs que la lutte des classes, ça commence déjà par piétiner ce concept petit-bourgeois qu’est le savoir-vivre. Le député insoumis – pensent-ils – justifie vraiment son salaire lorsqu’il adopte le comportement ad hoc de l’activiste antisystème. En l’occurrence, et compte tenu du poids modeste de leur représentation parlementaire, il s’agit essentiellement de faire du vacarme sur les sièges du Palais Bourbon et du buzz sur les réseaux sociaux.

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Beaucoup de bruit pour rien

La communauté métallique est en émoi : le site du prochain Hellfest vient d’être vandalisé – j’ai failli dire « profané »  – à quelques jours de la tenue de cette grande fête festive. Tandis que la gendarmerie recherche laborieusement les coupables, les journalistes les ont identifiés illico presto : les « Chrétiens intégristes ». Il faut dire qu’un certain nombre d’inscriptions taguées laissent à penser que leur auteur préfère communiquer dans un mauvais latin que dans un bon français. Ce serait tellement bien s’il s’agissait vraiment de Catholiques – même des Sédévacantistes ou des Gallicans feraient l’affaire.

Depuis le temps que les complotistes à la mode fourestienne  s’échinent à nous convaincre que la cinquième colonne papiste fomente et ourdit contre Le changement c’est maintenant, Je suis Charlie, Il est interdit d’interdire et autres droits de faire ce que je veux… Voilà la Curie romaine, l’Opus Dei, la Manif pour Tous unis pour restaurer l’Inquisition ainsi que la chasse aux sorcières et le lancer de nains hérétiques.

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Dessine-moi un curé !

Je ne sais pas ce que j’ai, en ce moment je ne me sens pas très Charlie. À vrai dire, cette forme d’acédie me tient depuis assez longtemps. Mais je ne dois pas être seul dans ce cas puisque on a même développé un traitement pour nous permettre de réintégrer la concorde nationale autour de valeurs aussi fédératrices que la vulgarité, le cynisme et la crétinerie.

Aujourd’hui sort le Charlie Hebdo nouveau auquel on feindra, à l’instar d’un Beaujolais du même acabit, de trouver un bon goût. Devant les kiosques à journaux, on va encore voir ces « citoyen-ne-s » faire le pied de grue pour obtenir leur dose d’insoumission subventionnée. Mais qu’on se rassure : désormais chaque foyer aura son exemplaire dudit journal avec sa poule au pot. Le précédent numéro avait été tiré à près de 8 millions d’exemplaires, celui-là sera tiré à 2,5 millions… pour commencer. Faudrait-il déboiser tout le pays pour fournir les imprimeries, nul ne devra dorénavant être privé de sa feuille de chou empreinte de cet anticléricalisme si désuet. Le bon peuple ne doit pas être privé de ses caricatures hebdomadaires sous prétexte qu’une spéculation morbide a fait grimper la cote du périodique satirique au niveau de celle d’une baudruche de Jeff Koons.

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No future for you !

« We are in a deep shit ! » – traduisez par « Nous sommes dans un embarras considérable » : les Femen viennent d’être lâchées par leur principal mécène, un milliardaire qui a fini par se lasser de leurs simagrées hystériques. Cet aveu des célèbres militantes « sextrémistes » me plonge dans la stupeur. J’avais sans doute été naïf de les croire lorsqu’elles affirmaient financer leur combat contre le patriarcat et la religion grâce à la seule vente de tee-shirts, de bracelets Rainbow Loom et de cakes à la sortie de la messe. Pourtant, leurs émoluments ne sont pas excessifs : leurs apparatchiks sont payées un SMIC-jeune pour montrer leurs seins, les supplétives ne s’exhibant que pour la gloire.

N’empêche que le pouvoir judiciaire commence à leur demander des comptes. L’État de droit – avec lequel elles ne sont pas familiarisées – vient se rappeler à leur bon souvenir. Car juridiquement parlant, elles en étaient restées à « Il est interdit d’interdire », estimant probablement que les pavés de Mai 68 avaient rendu Codes Civil et Pénal caduques. Cette indigence cérébrale qui vient s’ajouter à un sentiment de toute puissance et à une idéologie de far-west les rend étanches à toute forme de rationalité. Les tables rondes et autres disputatio philosophiques n’ont jamais été leur dada : le body-painting est plus approprié pour étaler un vocabulaire qui dépasse à peine 100 mots, même avec les gros. Du coup, elles ont systématiquement opté pour des modes d’action spectaculaires, souvent violents, toujours vulgaires.

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