Auteur/autrice : Moi-même

Un peu de dignité

Tentant de défendre le projet de loi sur les retraites, le Premier Ministre, Élisabeth Borne a osé l’argument ad personam – degré zéro de la rhétorique et de la dignité – à l’encontre d’un député en le qualifiant « d’opposant notoire au mariage pour tous ». Elle évoque, elle balance pas. Faut-il s’abandonner au mépris de soi – davantage encore qu’à celui des autres – pour se permettre ce genre de répartie… L’Intelligence Artificielle aurait proposé un plaidoyer moins misérable.

Même si elle est habituellement peu amène avec ses collègues, elle aura su faire, cette fois-ci, preuve d’une mansuétude suspecte à l’égard de certains d’entre eux qui ne s’engagèrent pas dans le camp du Progrès lors des débats agités de 2013. Son glaive vengeur a opportunément épargné ces égarés afin de leur offrir la rédemption au service du libéralisme sociétal. À moins qu’il ne s’agisse d’une simple amnésie ; ce qui disculperait sa bonne foi au détriment de sa santé mentale. Alzheimer l’emporterait donc sur Machiavel.

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Autocratie

« Non mais ça va pas de répondre des trucs pareil [sic] ???? On se réveille les gars ??? Ici c’est Paris »

A-t-elle écrit ça elle-même – avec les pieds – ou est-ce l’œuvre de l’un de ses domestiques – elle a des gens, même pour tenir son parapluie – hâtivement bombardé community manager de ses réseaux sociaux ? Anne s’est métamorphosée en zélote de la mobilité verte, malgré son empreinte carbone honteuse. Les anciennes pécheresses ont souvent donné les puritaines les plus sévères. Mais elles, au moins, étaient vraiment converties.

Car Madame se fait trimballer pour quelques dizaines de mètres – à l’insu des caméras – en faisant fi du code de la route et des grands principes éco-responsables qu’elle affiche en société. Sans vergogne, elle est allée récemment proposer son expertise en matière de pistes cyclables au maire de Kiev.

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Le coup de pied de l’Anne

Certains estimeront qu’elle a la dent dure pour ces candidats à l’élection présidentielle qui peinent à obtenir les 500 parrainages nécessaires pour accéder au premier tour du scrutin. « S’ils ne les ont pas, c’est qu’ils ne méritent pas d’y participer. » a lâché Anne Hidalgo avec l’aplomb de ceux qui osent tout.

Songeait-elle à un·e candidat·e en particulier ? Car ils ne furent pas si nombreux à se retrouver déboutés.

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Santo subito !

Comme il était en route et approchait de Caracas, une lumière venant du ciel l’enveloppa soudain de sa clarté. Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : « Jean-Luc, Jean-Luc, pourquoi me persécuter ? ». Il répondit : « Qui es-tu, Seigneur ? ».

Voici le récit de sa conversion tel que la Légende Dorée aurait pu le narrer. Mais personne ne sait comment un tel prodige a pu survenir tant notre matamore bolivarien semblait cramponné à son anticléricalisme viscéral. On imaginait le membre premium du GODF bouffer du curé hasta la victoria. Mais la divine Providence en a voulu autrement. Jean-Luc est devenu un agent zélé de la bigotterie ultramontaine à une vitesse qui flirte avec les 300.000km/s.

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Saint-Merry libéré

L’archevêque de Paris a décidé de mettre un holà à cette foire pseudo-concilaire installée dans cette église qui ne méritait pas cette occupation comparable à un squat – ne manque que les tags sur les murs et les cannettes de bière au sol. Pour le reste, tout y est dans l’idéologie progressiste : refus de l’autorité, de la doctrine, de la liturgie. Bref, de toute marque de catholicisme. Vous aviez instauré un soviet dans une paroisse qui n’en demandait pas tant, juste de pouvoir assister à la messe – plutôt qu’à un cirque bavard – et à approcher des prêtres que vous avez vus – pour les récalcitrants – comme des ennemis de classe. Vous n’êtes pas pour la réforme mais pour la révolution culturelle, avec cette sensibilité de Gardes Rouges pour ceux qui représentent, à vos yeux, les tenants d’un pouvoir révolu et honni.

Contrairement à ce que vous pensez, vos gesticulations ne sont pas les fruits du Concile mais juste quelques épluchures en chemin vers le compost. L’état de vos troupes en est la meilleure preuve : un aréopage de vieux croûtons qui tuent le temps en jouant au curé et, accessoirement, en pourrissant la vie de celui qui en a – et pour son grand malheur – canoniquement le titre. Mais, enfermés dans vos lubies soixante-huitardes et votre charité sélective vous avez instauré une ZAD avant-gardiste – ou gauchiste et plus, si affinités – dans une église paroissiale qui ne vous appartient pas et que vous avez néanmoins confisquée progressivement aux fidèles catholiques qui n’ont que faire de vos combats anticléricaux aux relents de naphtaline. Bien entendu, vous éprouvez la plus grande indifférence pour ces derniers. Sauf quand vous êtes un peu plus ronchons et venez à les considérer avec quelque mépris comme des « bons catholiques ». Chez vous, il ne s’agit pas d’un compliment, on aura deviné. Vous vous réclamez de Vatican II ; qu’en connaissez-vous, au juste ? En avez-vous lu les constitutions principales ? À ce propos on pourrait vous prendre tantôt pour des ignorants, tantôt pour des imbéciles. En l’occurrence, j’opterai pour l’inclusivité : les deux, mon adjudant !

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Sous-pape

Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Rien de nouveau dans ta boîte aux lettres, excepté les prospectus publicitaires pour l’hypermarché et la salle de sport voisins ? Toujours pas de réponse à ta candidature spontanée pour le siège épiscopal de Lyon ? Tu n’avais pourtant pas tardé pour faire savoir que tu possédais les compétences idoines, prenant de vitesse le Pôle Emploi du Saint Siège qui n’avait pas encore publié de petite annonce. Maintenant, on est en pleine période de vacances scolaires ; peut-être te faudra-t-il patienter jusqu’à la rentrée si ta missive atterrit sur le bureau du Pape tandis que celui-ci farniente à Castel Gandolfo. J’espère, d’ailleurs, qu’il sera bien reposé quand il en prendra connaissance, à son retour. S’il se fend d’une bulle te concernant, ton plan de carrière ecclésial pourrait en prendre un sale coup.

As-tu bien pensé à joindre ton CV ? Celui-ci présente un brillant cursus biblique et théologique. D’aucuns en conclueront hâtivement que tes propos tiennent la route. Malheureusement, les diplômes ne préservent ni de l’hérésie ni de l’idéologie et encore moins des poussées de mégalomanie. Regarde le frère Hans qui, depuis un quart de siècle, s’est lancé dans son combat desepéré – mais lucratif – contre l’Église. Oui, contre l’Église : en s’en faisant l’accusateur, avec une bonne foi qui laisse à désirer. Car lorsqu’ils débitent des contre-vérités à tour de bras, les sachants n’ont pas d’excuse. Voici que tu déclares : « C’est une proposition qui décoiffe et questionne profondément l’Église. Mais il faut bien comprendre que je suis quelqu’un d’intérieur à l’Église. J’ai une compétence affirmée. » Une compétence en quoi ? En coiffure ?

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Mauvaise presse

En ces heures sombres de pandémie, les murs ont des oreilles. On voit resurgir ces contribuables exemplaires qui reprennent les bonnes vieilles habitudes – peut-être ataviques – consistant à dénoncer le voisin aux autorités, au cas où. « Sur un malentendu, ça peut marcher. » affirmait Jean-Claude. Particulièrement lorsqu’il s’agit du murmure des orgues de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, ce conservatoire idéologique d’un catholicisme hibernatus qui aurait préféré que la Parousie se déroule au XIXe siècle, dernier délai. Voilà que ses paroissiens auraient péché contre la crainte du coronavirus. Concernant le respect des mesures barrière, on a été bien moins pointilleux dans d’autres circonstances – funérailles ou marches blanches – : les protagonistes y sont généralement beaucoup plus vindicatifs dès qu’on les contrarie que le VLM en loden.

Certains médias ont fait une croix sur la déontologie afin de se payer les « adorateurs de Pâques » qu’il est bon d’épingler dès qu’une occasion se présente, progressisme oblige. Mais quand c’est Le Point qui lance les hostilités, on voit une quasi-union sacrée à sa gauche se mettre à sa suite en faisant l’impasse sur le fact-checking d’ordinaire tant vanté.

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France Sphincter

Il y a quelques jours, la station de radio étatique a diffusé une chanson-sketch qui a, comme on dit, fait le buzz. Un chansonnier – plutôt que chanteur – y déclamait « Jésus est pédé » en accompagnant sa coprolalie d’accords de guitare, pour le côté artistique. Sur France Inter, ce genre de prestation est apprécié à sa juste valeur. On vous paye même pour ça : pas de problème, c’est l’argent du contribuable.

Les ricanements de ses collègues présents dans le studio font comprendre qu’ils sont en pleine communion avec lui. Il couine tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Ceci dans le plus scrupuleux respect de la ligne éditoriale de l’émission : tout ce qui heurte le progressisme écolo-sociétal doit faire l’objet de dénigrement et de sarcasmes. C’est une question d’éthique. Et de relation-clientèle.

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CSP+ de tous les pays, unissez-vous !

40 % des Gilets Jaunes seraient donc « très complotistes » s’alarment les officines de vigilance de l’orthodoxie républicaine. Considéré autrement, cela signifie que 60 % des Gilets Jaunes ne sont pas très complotistes. Ces derniers sont donc majoritaires – si tant est que quelque Ministère n’ait pas entre-temps modifié les règles mathématiques de la statistique. Lorsque le référendum pour la ratification du Traité de Maastricht aboutit à 51 % de « oui », peu nombreux furent ceux à faire ainsi la fine bouche sur les chiffres. Mais, quand ça arrange, on préfère voir le verre à 40 % vide plutôt qu’à 60 % plein.

Ils sont ainsi « très complotistes », pas qu’un peu. On peut en conclure qu’il y a un taux de complotisme normal – comme pour le cholestérol ou les Gamma-GT – au-delà duquel on encourt des risques divers, sanitaires ou judiciaires. Reste à savoir quels sont les complots éthiquement concevables. Peut-être ceux qui seraient ourdis par les Gilets Jaunes eux-mêmes…

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La transhumance des moutons

Ils étaient 10500 selon les organisateurs, 10500 selon la préfecture de police, 10500 selon les journalistes. Un tel consensus est suffisamment rare pour qu’il mérite d’être souligné. Il aura fallu le mouvement des « gilets jaunes » pour susciter une telle union sacrée – contre lui, bien sûr. Face à ce péril factieux, une avant-garde de citoyens raisonnables s’est levée au secours de la République. Ou plutôt de la République en Marche. Pour eux, c’est synonyme.

Face aux « gilets jaunes » on aura dorénavant les « foulards rouges ». Au premier abord, on pourra s’étonner de la couleur choisie qui ferait aisément songer aux komsomols ; peut-être faut-il plutôt y déceler une référence à Christophe Barbier, chantre multimédias d’une idéologie dominante. Quel meilleur signe de ralliement que sa légendaire écharpe écarlate pour manifester en faveur du pouvoir en place ?

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