Georges Frêche n’est plus. Vous devez être au courant, j’imagine. Je mentirais en affirmant que sa disparition m’a bouleversé. En cela, je me rapproche de Marine Aubry, une fois n’est pas coutume. Toutefois, le don que possédait cet homme truculent pour indigner les tartuffes qui dirigent son parti depuis le QG, rue de Solférino, lui avait valu une certaine sympathie de ma part. Ses « dérapages » – selon la terminologie aujourd’hui consacrée – faisaient tâche au sein d’un bord politique qui se drape d’un angélisme de façade. D’un autre côté, ces mêmes dérapages arrangeaient bien ceux de ses camarades qui tentaient de se débarrasser de ce trublion à la nuque raide et au verbe haut – et pas toujours très fin.
Un de ses derniers faits d’armes fut l’installation, dans sa ville de Montpellier, de ces statues – assez moches – de personnages politiques ayant marqué le XXème siècle. La présence de Lénine et celle à venir de Mao parmi ce panthéon firent grincer les dents de pas mal de gens qui, à quelques dizaines de millions de morts près, savent à quel point le bilan du communisme est « globalement positif ». Si encore lesdites statues avaient la fière allure de celles produites dans le bel esprit réaliste-socialiste, on aurait pu admettre…
Mais c’est sur l’une de ses phrases à l’emporte-pièce que je voudrais revenir. En 2008, devant un parterre d’étudiants il déclarait : « Je fais campagne auprès des cons, et là je ramasse des voix en masse ». En soi, cette tirade ne me choque pas. J’aime la liberté d’expression. Cependant, le candidat que j’entendrais la prononcer serait certain de ne pas recevoir mon suffrage, et ce, quel que soit le camp auquel il appartient. Question d’amour propre. Mais c’est haut la main que Geroges Frêche remporta les dernières élections régionales, porté au pinacle par des votants dont une bonne partie devaient avoir entendu l’écho de ses considérations démocratiques. Ces individus vérifiant ainsi la formule qu’il avait exprimée crûment.
Sinon, je voulais ajouter un truc, mais j’ai oublié quoi.