Récemment, un professeur de lycée a commis l’irréparable en diffusant à ses élèves un documentaire sur l’avortement. C’est-à-dire contre… Malheureux ! Ne sait-il pas que l’IVG fait dorénavant partie d’un credo social qu’il faut professer sous peine de se voir exposé à la vindicte des nouveaux comités d’épuration ? Et cela ne s’est pas fait attendre puisque Prochoix, un micro-lobby qui milite à la fois pour le respect des minorités sexuelles et le mépris de la majorité des croyants, a organisé une campagne visant à obtenir le renvoi de cet enseignant.
L’argumentaire évoque la projection d’un montage d’images « toutes plus horribles les unes que les autres ». On ajoute d’ailleurs que « les adultes qui ont pu voir le film en sont sortis avec un sentiment de révolte et de dégoût ». Et après ? C’eût été un film sur les horreurs de la guerre, j’imagine qu’un même haut-le-cœur l’aurait suivi, mais sans le scandale. Le vrai problème tient au fait que cet individu « stigmatise le rôle du Planning familial ». Ça c’est plus grave. Car tenter de contredire – avec ou sans nuance – le bourrage de crâne institutionnalisé opéré sur les jeunes au nom de la libération sexuelle, c’est non pas lancer un débat sur un sujet – qui depuis 1974 ne souffre plus aucune contestation – mais courir droit au casse-pipe.
Bien souvent, ceux qui se réclament de Voltaire pour son goût de la liberté tiennent, en fait, davantage de Saint-Just ou de Fouquier-Tinville : la guillotine est, pour eux, la meilleure façon de trancher un différend qui s’éternise… Surtout lorsque cela concerne un sinistre personnage qui se répand sur « des sites anti-avortement de l’extrême droite catholique » : voilà le spectre des « heures sombres » qui resurgit à l’horizon.
Cependant, s’il existe bien une chasse aux sorcières aujourd’hui, son exercice a changé de mains. Une myriade d’associations se sont automissionnées pour traquer le dérapage, l’amalgame, les propos nauséabonds, et tous ces petits chefs d’accusation qui permettent de réduire le cercle des contradicteurs aux seuls kamikazes qui sont disposés à faire le deuil de toute carrière par la suite. Il est indéniable qu’internet a facilité la traque des esprits un peu trop turbulents : l’information y circule très vite – et la désinformation encore plus –, les réseaux se constituent facilement – en un clic de souris on adhère –, et les coups de force ne demandent parfois qu’un simple e-mail à envoyer – au ministre et au recteur de l’académie concernée. Comme quoi on n’hésite pas à reprendre les bonnes vieilles recettes qui ont fait leurs preuves en des temps moins glorieux : des méthodes d’auxiliaires de police bénévoles et zélés. Mais fini le temps des lettres anonymes, péniblement confectionnées à partir de mots découpés dans un journal : désormais, on dénonce sans vergogne et sans effort. Le Progrès, ça a du bon…
Sinon, je voulais ajouter un truc, mais j’ai oublié quoi.