Aujourd’hui, c’est au tour d’une exposition artistique présentée à Avignon de faire parler d’elle à cause de – ou grâce à ? – ce qui est devenu une sorte de figure imposée pour nombre de « plasticiens » : le blasphème. Je ne me lancerai pas dans un discours sur un respect des croyances à géométrie variable – il semble néanmoins que les sans-foi reçoivent davantage de considération concernant leurs opinions métaphysiquement nihilistes. Non. Je me contenterai d’évoquer mon sentiment de lassitude profonde devant ces entreprises d’escroquerie en bande organisée que représentent un bon nombre d’expositions d’art contemporain. Le talent ne réside plus dans cette capacité de l’homme à produire quelque chose de beau mais dans l’utilisation du scandale facile et grossier, à la fois comme moyen de publicité et comme légitimation d’une créativité artistique. Car la transgression est devenue un moyen aisé pour faire du buzz, donc du fric. Ce qui, il y a un siècle, choquait encore le bourgeois fait dorénavant se pâmer de snobisme le troupeau des pique-assiette de la culture grouillant chez des parvenus qui s’achètent à grands frais une place dans le monde de l’esprit.
Ils s’appellent Andres Serrano, Maurizio Cattelan, Hermann Nitsch ou encore Chris Ofili, ces margoulins qui ont appris à vendre du vent – même malodorant – au prix de l’or. Une telle entourloupe relève effectivement de l’art. Du grand art, même. Reconnaissons-leur tout de même cette aptitude à savoir provoquer sans prendre des risques démesurés. Ce sont des artistes, pas des kamikazes : lorsqu’on a une famille à nourrir, on calcule avant d’énerver les gens. Et une fois qu’on a mis en balance bénéfices escomptés et périls encourus, on constate que la foi chrétienne offre le meilleur taux. En guise de métaphore, il est moins hardi de piquer le sac à main d’une vieille dame que de faire un braquage à la Banque de France. Parce que, avant de se livrer à leurs forfaits avant-gardistes, ils prennent évidemment le temps de réfléchir : ils ne se sentent aucune vocation au martyre. Ils ont, bien entendu, intégré la variance du facteur risque en fonction de la religion bravée. Ceux qui ont essuyé les plâtres, avant eux, peuvent témoigner du fait qu’une fatwa, ça calme son homme. D’autres ont vu leur cote de popularité baisser au fil de leurs comparutions répétées devant la 17ème chambre correctionnelle. Courage n’est pas témérité, après tout.
Il faut dire que le traitement médiatique réservé aux différents cultes a de quoi susciter le doute quant à l’intégrité morale des diffuseurs de nouvelles. Je n’ai jamais entendu de leur part parler de « dérapage » ou de « stigmatisation » quand il s’est agi d’attaques contre le christianisme. Ils sont étrangement pris d’un autisme subit lorsque c’est la foi chrétienne qui devient la cible d’insultes. Un blackout quasi absolu est fait sur les profanations de lieux de culte ou de sépulture chrétiens – qui représentent pourtant en France les trois quarts de ce type de délit, toutes confessions confondues. En revanche, leur rapidité à s’émouvoir de mêmes méfaits commis envers d’autres religions – en relayant parfois des informations biaisées, cette fois-ci au profit de ces dernières – a de quoi laisser perplexes ceux à qui on affirme que, depuis 1905, tous ceux qui croient au Ciel sont désormais logés à la même enseigne. Le voile pudique posé sur cette forme d’acharnement vulgaire, conformiste et prétendument esthétique auquel se livre cette cohorte de fonctionnaires de la transgression illustre assez bien ce sentiment d’hostilité antichrétienne – et plus spécifiquement antiromaine – qui oriente, sans l’avouer, le flux des sujets du journal télévisé. Ceci, conjugué à une ignorance abyssale de la part des commentateurs en matière ecclésiale, contribue à faire passer l’idée selon laquelle il est à la fois rock and roll et pédagogique de représenter les symboles de la foi catholique de la façon la plus ordurière. L’Église survivra à tout ça, malgré tout.
Sinon, je voulais ajouter un truc, mais j’ai oublié quoi.