Ce fut avec une grande joie que j’avais appris le dégonflage, sinon de l’ego d’un plasticien qui eût mieux fait de travailler le béton armé, du moins de son œuvre le lendemain même de son érection. Il faut dire que son sapin de Noël était carrément nul. Mais quand on est aaartiste, faire briller les yeux des bambins n’est pas une priorité au moment où, à la FIAC, les spéculateurs se pressent pour investir dans la supercherie conceptuelle. L’arbre pneumatique a donc été – symboliquement – abattu et c’est bien fait pour sa goule. On nous serine tant avec ces créateurs subversifs qui, au travers de leurs trouvailles, cherchent à susciter le questionnement. Cette fois-ci, on a trouvé la réponse, et démocratiquement pour une fois : la plèbe locale a réagi, ce qui devrait satisfaire Paul McCarthy, au fond.
Il faut ajouter que ce dernier faisait dans le subliminal : si le sapin était si moche, c’est qu’il s’agissait en fait d’un objet hybride. Dès le début, j’avais bien repéré la similitude avec un pion de Monopoly. Installé Place Vendôme, on pouvait aisément saisir la finesse de la saillie anticapitaliste. Choquer le bourgeois demeure un axe majeur de l’art contemporain : ça coûte pas cher et ça peut rapporter gros.
Rectification. Il m’aura fallu l’intervention d’une célèbre intellectuelle engagée pour comprendre que de jeu de société il n’est pas question ici. La spécialiste a reconnu un plug anal, version friponne – et arrondie – de la clé USB. Comme quoi, lorsqu’elle ne réinvente pas l’Histoire de l’Église ou sa doctrine, notre obscurantistologue peut nous apprendre des trucs intéressants…
J’entends déjà la réclame qui précise : « Ceci est un dispositif médical ». Gadget que les proctologues ont probablement imaginé pour boucher – ou déboucher, va savoir – les voies naturelles que feu Vlad s’était escrimé à réguler de façon un peu autoritaire. Forts de leur expérience, les ingénieurs de la NASA l’auront amélioré de manière à ce qu’il ne fasse pas un aller simple durant son usage. Quant aux marketeux, ils ont forcément pensé à le décliner en plusieurs couleurs, y compris le fluo, avant d’en confier la promotion à quelques blogueuses mode qui se feront une poignée d’euros en publiant un billet sponsorisé nous assurant que l’objet supporte le passage au lave-vaisselle.
Réagissant au forfait d’un ressortissant de cette « France rabougrie, apeurée, et coincée […] qui manifeste contre l’amour et s’évanouit à la vue d’une statue gonflable » Caroline la libertine étale sa morgue habituelle quand elle évoque les gens qui ne pensent pas comme elle. Ceux qui s’étaient jadis émus du happening Femen à l’intérieur de Notre-Dame de Paris furent qualifiés par icelle de « vierges effarouchées ». Ses sarcasmes nous dévoilent ainsi, sous son apparence austère, une libido hardcore, et pas qu’à moitié. Sa love story avec Inna, la tête – si l’on peut dire – des Femen, aura permis de comprendre qu’elle est plus à l’aise dans le romanesque, pimenté de trash, que dans la rigueur froide qui fait d’un journaliste une source fiable.
« On ne sait pas qui est responsable du vandalisme, mais ce qui est sûr c’est que les réseaux les plus intransigeants du catholicisme se sont déchaînés contre McCarthy et sa statue gonflable. » On ne sait pas mais, elle, elle sait. Elle finit par ressembler à David Vincent s’époumonant à convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé, non pas à cause d’extra-terrestres mais de la droite catholique qui, à l’instar des précédents, a également pris forme humaine. Malheureusement pour elle, des institutions comme la Justice ou le CSA demeurent imperméables à ses intuitions complotistes. Elles persistent à lui infliger blâmes et amendes sous prétexte que certains scoops qu’elle livre seraient plus proches de l’heroic fantasy que de la réalité.
Récemment, un incendie a ravagé une partie de la Maison de la Radio, lieu où officie notre amie. La thèse officielle retient l’accident. En tout cas, moi j’ai un alibi. Enfin, j’espère…
Sinon, je voulais ajouter un truc, mais j’ai oublié quoi.