Les pontes de la France Insoumise semblent avoir le culte qui les démange. À les écouter, le danger qui menace le pays, c’est ce petit reste de catholicisme que la Terreur révolutionnaire et la Troisième république ont laissé malgré elles. Dans leur conception totalitaire de la laïcité, la visibilité même de signes ostensibles – selon la célèbre expression redondante – de religiosité est source de scandale et probablement, chez certains d’entre eux, d’érythème mal placé.
Depuis leur arrivée à l’Assemblée Nationale, les élus mélencho-bolivariens n’ont eu de cesse de se faire remarquer, et rarement pour leur tenue. Dans leur esprit, le tribun de la plèbe doit être imbuvable afin de montrer à ses électeurs que la lutte des classes, ça commence déjà par piétiner ce concept petit-bourgeois qu’est le savoir-vivre. Le député insoumis – pensent-ils – justifie vraiment son salaire lorsqu’il adopte le comportement ad hoc de l’activiste antisystème. En l’occurrence, et compte tenu du poids modeste de leur représentation parlementaire, il s’agit essentiellement de faire du vacarme sur les sièges du Palais Bourbon et du buzz sur les réseaux sociaux.
On connaissait les tendances anticléricales du camarade de première classe, maçonnerie oblige. Il n’a jamais cherché à dissimuler son dédain pour les croyants et spécialement les Chrétiens. Avec une morgue toute voltairienne, il fit sa tête de Cauchon devant la caméra en raillant lourdement Jeanne d’Arc, un des rares symboles d’unité nationale dans l’Histoire de France, particulièrement au moment où la République et l’Église se réconcilièrent sous la houlette de Pie XI et Aristide Briand. Les autres courants religieux bénéficient aussi de son mépris mais moins : leur exotisme suscite sans doute quelque forme d’indulgence dans sa mentalité d’éternel non-aligné. En digne héritier de Combes, Ferry – Jules, hein – et Peillon, il ne peut se résoudre à manifester la moindre forme de considération envers des gens qui espèrent un paradis autre que socialiste.
Alexis Corbière, son bras gauche, a emboîté le pas de son mentor et s’est trouvé un moulin à vent à attaquer dans l’hémicycle de l’Assemblée : la présence du drapeau européen. Y verrait-il un symbole triomphant de la suzeraineté de Bruxelles ? Non, le souverainisme, il s’en cogne comme de son premier tee-shirt à l’effigie du Che. Lui, il y a discerné le symbole marial. Il est vrai que les étoiles d’or sur fond bleu ont des échos mariaux que l’on peut retrouver sur la chape de Notre-Dame de Pontmain. En revanche, notre député athéologien devrait retrouver son calme en se rappelant le refus par le pouvoir exécutif français d’une référence aux racines chrétiennes de l’Europe dans le préambule de sa Constitution.
Entre-temps leur comparse Danièle Obono a fait montre, sinon d’une niaiserie exemplaire, du moins d’une mauvaise foi préoccupante en établissant des parallèles à la géométrie discutable. D’après elle, le djihadisme et la Manif Pour Tous, c’est kif-kif. Pour prolonger la fête, elle s’est lancée dans des élucubrations biblico-policières en citant un passage vétérotestamentaire trié sur le volet à cause de sa violence – en l’occurrence il s’agissait de 1 Samuel 15 – puis ajoutant : « J’imagine donc que n’importe quel prêtre, officiant dans une église, qui citerait ce passage, favorisait une forme de radicalisation, d’appel au meurtre et à la terreur ». Elle devrait lâcher le Petit Livre Rouge et parcourir un lectionnaire liturgique : elle y découvrirait que ce texte ne fait pas partie de ceux qui sont offerts à la méditation des fidèles. Et si elle s’informe un minimum, elle apprendra que, lorsqu’ils sont mêlés à des actes terroristes, les Chrétiens sont statistiquement plus près de la lame du couteau que du manche. Il y a néanmoins peu de risques que cela n’émeuve l’idéologue ; avec elle on peut s’attendre au PIR.
Last but not least, Raquel Garrido, « avocate pauvre » de Mélenchon, avait salué l’élection du pape François en diffusant sur Twitter une fake news assez grossière – l’anachronisme de la photo ne semblant pas lui avoir effleuré l’esprit. L’agitprop est assurément un art qu’elle pratique avec aussi peu de subtilité que l’humour.
Le programme de la France Insoumise paraît clair : pendre le dernier patron avec les tripes du dernier prêtre. C’est ambitieux, certes, mais plus fédérateur que de prêcher l’amour du prochain.
Sinon, je voulais ajouter un truc, mais j’ai oublié quoi.