Il y a quelques jours, la station de radio étatique a diffusé une chanson-sketch qui a, comme on dit, fait le buzz. Un chansonnier – plutôt que chanteur – y déclamait « Jésus est pédé » en accompagnant sa coprolalie d’accords de guitare, pour le côté artistique. Sur France Inter, ce genre de prestation est apprécié à sa juste valeur. On vous paye même pour ça : pas de problème, c’est l’argent du contribuable.
Les ricanements de ses collègues présents dans le studio font comprendre qu’ils sont en pleine communion avec lui. Il couine tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Ceci dans le plus scrupuleux respect de la ligne éditoriale de l’émission : tout ce qui heurte le progressisme écolo-sociétal doit faire l’objet de dénigrement et de sarcasmes. C’est une question d’éthique. Et de relation-clientèle.
D’une voix fluette, ânonnant ses couplets avec ce refrain ordurier, l’amuseur semble enlisé dans le stade anal. Ce type d’espièglerie n’est plus vraiment transgressif depuis un siècle ou deux ; ça sent moins le soufre que la naphtaline. En guise de provocation ad nauseam, il présentera ensuite ses excuses aux LGBT : le politiquement-correct, lui, doit rester sauf.
Craignant qu’un ange ne passe à l’antenne, l’animatrice de l’émission reprend illico presto le micro : « Rappelons que le droit au blasphème est un droit et que si on ne l’utilise pas, il s’use. Et qu’on est Charlie. » En réalité, on est seulement Charline. Question audace, c’est un cran en dessous. Des petits bras qui s’en prennent sciemment à la religion la moins risquée, principe d’autoconservation oblige. Et merci pour cette tautologie qui nous rappelle qu’un droit est un droit. Surtout lorsqu’il s’agit d’un droit aussi fondamental que celui qui conjugue avec autant d’intensité crétinerie, vulgarité et autosatisfaction.
Tout cela est certes aussi peu glorieux que talentueux. Mais lucratif.
Sinon, je voulais ajouter un truc, mais j’ai oublié quoi.