Étiquette : mai 68

CSP+ de tous les pays, unissez-vous !

40 % des Gilets Jaunes seraient donc « très complotistes » s’alarment les officines de vigilance de l’orthodoxie républicaine. Considéré autrement, cela signifie que 60 % des Gilets Jaunes ne sont pas très complotistes. Ces derniers sont donc majoritaires – si tant est que quelque Ministère n’ait pas entre-temps modifié les règles mathématiques de la statistique. Lorsque le référendum pour la ratification du Traité de Maastricht aboutit à 51 % de « oui », peu nombreux furent ceux à faire ainsi la fine bouche sur les chiffres. Mais, quand ça arrange, on préfère voir le verre à 40 % vide plutôt qu’à 60 % plein.

Ils sont ainsi « très complotistes », pas qu’un peu. On peut en conclure qu’il y a un taux de complotisme normal – comme pour le cholestérol ou les Gamma-GT – au-delà duquel on encourt des risques divers, sanitaires ou judiciaires. Reste à savoir quels sont les complots éthiquement concevables. Peut-être ceux qui seraient ourdis par les Gilets Jaunes eux-mêmes…

Continuer la lecture

Démophobie

Des barricades dressées, des voitures incendiées, des pavés qui volent : c’est comme ça qu’on aime Paris. Mais Paris en mai 68. Cinquante ans plus tard, les mêmes qui jettent un œil humide de nostalgie sur les émeutes du Quartier Latin trouvent nettement moins sympathiques les manifestations de « gilets jaunes » qui se multiplient depuis plusieurs semaines. Car depuis qu’ils sont devenus des notables, les anciens leaders soixante-huitards ont perdu le goût de l’agitation politique. Pas de cette agitation subventionnée dans quelques théâtres élitistes mais de celle, moins domestiquée, provoquée par cette plèbe qui ne fréquente pas plus Jeff Koons que La Princesse de Clèves.

Ce mouvement leur paraît d’autant moins estimable qu’il ne se berce pas d’altruistes utopies comme celles de leur jeunesse qui les poussaient à s’opposer à la guerre du Vietnam et à réclamer la mixité dans les dortoirs des cités universitaires : les gilets jaunes se battent seulement pour pouvoir payer de quoi se nourrir, se loger et se déplacer, en gros survivre jusqu’au 30 du mois. Ces considérations triviales n’émouvront jamais nos intellectuels droit-de-l’hommistes qui ne s’intéressent au peuple que tant qu’il n’est pas autochtone et surtout pas trop réel.

Continuer la lecture