Catégorie : Désinformation

WTF, OMG & DTC

Ce fut avec une grande joie que j’avais appris le dégonflage, sinon de l’ego d’un plasticien qui eût mieux fait de travailler le béton armé, du moins de son œuvre le lendemain même de son érection. Il faut dire que son sapin de Noël était carrément nul. Mais quand on est aaartiste,  faire briller les yeux des bambins n’est pas une priorité au moment où, à la FIAC, les spéculateurs se pressent pour investir dans la supercherie conceptuelle. L’arbre pneumatique a donc été –  symboliquement – abattu et c’est bien fait pour sa goule. On nous serine tant avec ces créateurs subversifs qui, au travers de leurs trouvailles, cherchent à susciter le questionnement. Cette fois-ci, on a trouvé la réponse, et démocratiquement pour une fois : la plèbe locale a réagi, ce qui devrait satisfaire Paul McCarthy, au fond.

Il faut ajouter que ce dernier faisait dans le subliminal : si le sapin était si moche, c’est qu’il s’agissait en fait d’un objet hybride. Dès le début, j’avais bien repéré la similitude avec un pion de Monopoly. Installé Place Vendôme, on pouvait aisément saisir la finesse de la saillie anticapitaliste. Choquer le bourgeois demeure un axe majeur de l’art contemporain : ça coûte pas cher et ça peut rapporter gros.

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Piqûre de rappel

Verdict : acquitté. Un tonnerre d’applaudissements retentit dans la salle. Quelques instants plus tard, le Dr Bonnemaison sortait du tribunal au milieu d’une haie d’honneur formée par son fan-club. C’est tout juste si les euthanasiés n’ont pas surgi de leurs tombeaux pour venir rendre grâces à leur bienfaiteur. Des esprits chagrins s’étonneront peut-être de la clémence du jury face à de tels faits. « Dura lex, sed lex », c’était avant.

On a même entendu la satisfaction de certains ministres – dont celle en charge de la Santé – après un tel jugement. L’euthanasie pour tous, c’est maintenant. Enfin, pas tout à fait encore : la grande faute à l’Église catholique, dixit le président de l’ADMD. Sous des faux airs de chanteur d’opérette, ce dernier fait ici montre d’un humour digne du meilleur comique-troupier – comment, en effet, le soupçonner de se livrer involontairement à un anachronisme aussi grossier ? Notre homme a fait des études. Il sait bien à quel point ses chefs s’interdisent la moindre marque de respect à l’égard des pratiquants du dimanche. Un souverain normal ne se rendra jamais à Canossa, y compris en jet privé. À l’inverse, on l’aura vu parmi tous les candidats à l’Élysée courir pieds nus rue Cadet pour solliciter la bénédiction des membres du Grand Orient.

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Les idiotes inutiles

« Mais si l’émotion est grande, c’est que certains faits divers n’en sont pas, même lorsqu’ils sont l’œuvre d’un fou. En tout cas, elle permet d’aborder un climat qui laisse craindre ce genre de passages à l’acte. » Extraits de leur contexte, ces mots de Caroline Fourest pourraient sembler pertinents. Malheureusement, la lecture de son article nous montre notre opinioniste patentée se prendre une nouvelle fois les pieds dans le tapis. Le ton sentencieux dont elle use chroniquement parvient néanmoins à la faire passer pour compétente aux yeux de quelques gogos qui prennent le politiquement correct pour de la libre-pensée. Mais les diagnostics qu’elle pose d’un ton sans appel sont le plus souvent à côté de la plaque, sauf parfois où elle dit vrai comme le fait deux fois par jour une montre arrêtée.

Tout récemment, une église de mon quartier a été soigneusement vandalisée. Le coupable court toujours et je me garderai bien d’en faire un portrait robot idéologique comme cette dernière n’hésita pas à le faire dans d’autres circonstances. Si ça se trouve, il n’est même pas abonné à Charlie Hebdo… Mais l’ambiance est là. Les chiffres aussi, d’ailleurs : 80 % des « atteintes aux édifices religieux et aux sépultures » concernent des sites chrétiens. La couverture médiatique qui en est faite demeure toutefois confinée à la rubrique des chiens écrasés. Quant à l’indignation, elle n’a pas atteint ni l’Élysée, ni Matignon, ni même la rue de Solférino, lieux pourtant prompts à dégouliner de vertu outragée.

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De l’autre côté du miroir

Si la Curie romaine a finalement arrêté de mettre à jour son Index, Jean-Luc Mélenchon semble décidé à établir le sien, destiné à condamner toute publication qui tenterait de mitiger le bilan globalement positif de ses modèles politiques. Dans le collimateur du camarade, le ci-devant Lorant Deutsch, auteur de best-sellers sur l’Histoire de France, devenu la bête noire du Parti de Gauche depuis qu’il s’est permis d’écorner l’image d’une Révolution Française qui n’aurait fait tomber que quelques têtes par inadvertance. S’il n’y avait de coupables que lui et son éditeur, cela pourrait encore passer, mais le scandale est parfait dès lors qu’il trouve comme complices le service public télévisuel ou la municipalité de Paris pour faire la réclame de ses ouvrages trop nuancés quant aux bienfaits de la bascule à Charlot.

Comment un régime socialiste qui se respecte peut-il ainsi servir de tête de gondole à un écrivain que le citoyen Corbière – le bras gauche de Mélenchon – accuse de n’être qu’un « populiste chrétien » , autrement dit un agent de l’obscurantisme ? Les hérauts du populisme antichrétien ne sauraient voir surgir la Réaction sans réagir aussi sec. Ne perdant pas les bonnes vieilles habitudes, ils ont commencé par dresser une liste, non exhaustive bien sûr. On ne demande pas forcément l’embastillement des Lorant Deutsch, Franck Ferrand, Jean Sévillia, Stéphane Bern – puisqu’on n’est plus sous l’Ancien Régime et pas encore en dictature communiste – mais on sollicite avec insistance la diffusion de documentaires plus socialement corrects, comme le ferait un McCarthy converti au marxisme-mélenchonisme.

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Les Femen ont-elles une âme ?

Quel talent, ces Femen ! Parvenir à incarner avec une telle intensité la vulgarité, l’inculture et l’imbécilité réunies force le respect. Bon, il est peu probable qu’elles aient eu à pratiquer la méthode de Stanislavski pour réussir cette performance : leur numéro d’hystérie extatique ne tient pas du rôle de composition. Mais elles veulent faire parler d’elles et l’on ne peut nier qu’elles y parviennent et, ce, sans jamais tomber dans la finesse.

Récemment, elles avaient organisé un show à Milan. Voulant mettre un coup de pression à Berlusconi qui présentait sa candidature aux dernières élections législatives, elles étaient arrivées désapées, peinturlurées et belliqueuses comme à leur habitude. Elles scandaient « Basta Sylvio », imaginant naïvement bouter l’animateur des soirées « bunga bunga » par la seule force de trois paires de nénés.

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Salut l’artiste !

La semaine passée, la célèbre Caroline Fourest a été promue chevalier de l’ordre des Arts et Lettres. Bien entendu, cette info ne pouvait pas laisser la clique réactionnaire indifférente. Sur les réseaux sociaux, chacun y allait de son petit commentaire sur l’opportunité de cette décoration, le plus souvent pour évoquer le décalage entre la suffisance fourestienne sur la forme et son insuffisance sur le fond.

De fait, ses prestations médiatiques la font apparaître moins comme une journaliste que comme une militante. Lorsqu’elle guerroie contre l’obscurantisme, l’objectivité pâtit salement. Quant à l’exactitude factuelle et la rigueur intellectuelle, elles sont à chercher du côté des dégâts collatéraux. Quand ses copines Femen font irruption au milieu d’une manifestation organisée par des catholiques traditionalistes en vociférant et en vidant des extincteurs sur la foule, notre trouvère en fait une geste dans laquelle la réalité vient elle aussi subir quelque violence. Ainsi, les furies dépoitraillées voient leur action qualifiée de « protestation pacifique et drôle ». Et les messages qu’elles arborent peints sur leurs torses –  « FUCK GOD », « FUCK CHURCH » et plus si affinités… – deviennent autant de « slogans humoristiques ». Décidément, Caroline aime la rigolade. Et pas trop fine, s’il vous plaît.

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Athéocratie

A Charlie Hebdo, le numéro spécial caricatures islamophobes devient un marronnier. Est-ce un choix guidé par le marketing – on espère surfer sur la vague créée par un film américain de série Z qui fait le buzz dans tout le Moyen-Orient – ou simplement causé par le manque d’imagination de dessinateurs qui fonctionnent sur des schémas mentaux assez primaires ? Les nombreuses accusations de vénalité ont piqué au vif le directeur de la publication qui a affirmé que « Si les dessinateurs et auteurs de Charlie avaient couru après l’argent, ils n’auraient pas fait Charlie Hebdo [et blablabla] ». En gros, c’est pas pour faire du fric. C’est gratuit. Enfin, presque : 2,50€ multipliés par 200 000. Déjà, lorsque le site internet fut piraté, le patron venait rassurer le chaland : « Une chance tout de même : la boutique en ligne n’est pas touchée. » A quelque chose malheur est bon…

C’est sûr que, lorsqu’ils publient leurs habituels graffitis sur le Pape, le retour sur investissement est bien moindre. Il faut avouer que depuis que la Révolution a guillotiné une partie du clergé français et la IIIème République expulsé une autre partie hors de l’hexagone, les railleries contre l’Église ont peu à peu perdu de leur aspect sulfureux. On a beau verser dans la surenchère, il y a désormais toujours ce persistant goût de rassis. Les représentations ad nauseam de Benoit XVI en criminel / pédophile / nazi n’amusent plus qu’un lectorat conquis d’avance essentiellement composé de libres-penseurs congelés dans la doxa irréligieuse de la Belle Époque et d’adolescents en phase acnéique de révolte.

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Musique sacrée

« Nous sommes tous des Pussy Riot ! » : le slogan éculé est proclamé avec la gravité qui sied à pareille cause. Devant la caméra complice de quelque journaliste sans recul, ce Don Quichotte à la petite semaine joue son rôle de manifestant avec un art un peu trop dramatique. Le ridicule ne le tuera pas, heureusement. Heureusement, car, après avoir montré son indignation à tous les passants, il a sans doute prévu d’aller faire la fête avec ses copains intermittents de l’antifascisme. Les Pussy Riot, il n’a pas que ça non plus dans sa vie…

Si vous avez raté le début : Pussy Riot est un groupe punk russe dont trois membres – des jeunes femmes – ont été condamnées au « goulag pour une chanson » dixit Libé. Certains médias osent même parler d’une « prière punk » clamée dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou. On connaissait les spiritualités franciscaine, carmélitaine ou cartusienne. Désormais, on pourra également compter sur la mystique punk pour élever son âme vers Dieu. La lex orandi keuponne vient apporter un vrai renouveau dans la manière de s’adresser au Bon Dieu et à ses saints. Le contenu des oraisons – accompagnées de riffs de guitare électrique – prononcées lors du happening incriminé fait apparaître un savant mélange d’invocations chrétiennes et de vitupérations libertaires, le tout baignant dans une coprolalie assez peu usitée en temps normal dans une église.

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L’opium du peuple

Chaque année, le service public audiovisuel offre sa saga de l’été à quelques millions de citoyens en demande de divertissements porteurs de savoir avec, si possible, un soupçon de croustillant en sus. Cette fois-ci, l’opus s’appelle Inquisitio et traite, comme son nom le laisse supposer, de la terrible Inquisition, occupation favorite des grands pontes de l’Église catholique pendant le Moyen Âge dont cette dernière n’est jamais complètement sortie, même après Vatican II.

Le Moyen Âge, c’est, grosso modo, la période qui s’étale entre Vercingétorix et la Révolution Française. Pendant ces quelques siècles, l’Église a tenu d’une main de fer toute une population dans les ténèbres de l’ignorance et la crainte de l’enfer. En ce temps où l’on craignait l’hérésie comme la peste, on vantait la foi que professait le charbonnier : faite de crédulité et de fidéisme – il conviendra de se demander, à propos, si cela n’est pas inscrit dans les gènes de la lex credendi romaine – elle s’accommodait assez mal des hardiesses doctrinales sur lesquelles des novateurs tels Jacques Gaillot ou Alain de La Morandais sauront bâtir leur notoriété. Le climat n’encourageait guère à la recherche scientifique et contraignait les Galilée, Nostradamus et autres alchimistes à s’user les yeux à parcourir leurs grimoires dans la pénombre d’une cave du Quartier Latin.

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Place du chapelet

« Puisque tu es tiède, et ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche. » Et hop, on nous ressort le fameux passage de la Lettre à Laodicée (Ap III, 16) comme l’argument massue qui doit nous discréditer aux yeux, sinon du monde, du moins de notre Créateur qui honnirait donc toute forme de mesure dans l’action comme dans la pensée parmi ses fidèles. C’est ainsi que ceux qui soutiennent les actions « coup de poing » contre les spectacles jugés blasphématoires – à tort ou à raison, peu importe ici – nous font passer en comparution immédiate au Jugement Dernier pour un verdict sans appel et sans clémence. Voici quelques semaines, une poignée de jeunes gens animés du zèle de la foi sont allés interrompre une pièce de théâtre estimée « scandaleuse » par avance – on ne sait en vertu de quelle prescience – en montant sur la scène et en alternant, devant un public médusé, exercices de dévotion mariale et gestes de boxe anglaise. Leur intervention a fait évidemment couler beaucoup d’encre virtuelle. Parmi les critiques suscitées, certaines émanaient d’autres catholiques qui se sont fait taxer aussitôt d’apostats ou équivalents par certains de leurs coreligionnaires.

La vraie question ne consiste pas à savoir si Sur le concept du visage du Christ ou Golgotha picnic sont des œuvres sacrilèges, décadentes, profondes ou clownesques. Chacun aura son avis là-dessus, y compris ceux qui ne font que répéter les leitmotiv dont les abreuvent ceux qui pensent pour eux.  Les foules ont un goût prononcé pour le « ouïe dire » qui offre un confort intellectuel incontestable, faute de garantir son intégrité à la vérité. En revanche, nous pouvons nous demander si l’honneur du Christ est davantage menacé par les extravagances d’un artiste d’avant-garde ou par le lobbying agressif de certains chrétiens courroucés.

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