Catégorie : Vote

Les copains d’abord

Elle n’a que faire des oukases du Parti, la camarade Danièle : elle n’abandonnera son logement low-cost qu’à la force des baïonnettes. Car il ne s’agit pas d’une HLM comme celles évoquées par Renaud au siècle dernier – blousons noirs, baston et rock and roll – mais d’un appartement plutôt confortable dans un quartier parisien en pleine gentrification. Techniquement, ce n’est pas un logement à loyer modéré mais un appartement à loyer libre qui, théoriquement, n’est pas réservé aux revenus les plus modestes. Ce qui tombe bien puisque les quasi 50KF que son mandat électif lui procure – et sans compter le salaire de sa moitié – devraient la diriger vers le marché privé de même que n’importe quel nanti. Sauf qu’ici, son bailleur n’est autre que la Ville de Paris et que cette dernière offre à ses clients des biens à des tarifs d’apparatchik.

En même temps même avec le discount – grâce au code promo CONSEILDEPARIS –, son loyer demeure prohibitif pour le prolétaire dont elle prétend défendre les intérêts. Verser un SMIC par mois, ça éloigne assurément la France d’en bas qui cherche un toit. Du coup, Danièle peut s’endormir, la conscience tranquille, en attendant le grand soir : elle ne confisque rien au col bleu mais plutôt à quelque tout petit bourgeois vénal. Elle ne lâchera rien et surtout pas ses avantages de fidèle cliente.

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Carré d’as

Les pontes de la France Insoumise semblent avoir le culte qui les démange. À les écouter, le danger qui menace le pays, c’est ce petit reste de catholicisme que la Terreur révolutionnaire et la Troisième république ont laissé malgré elles. Dans leur conception totalitaire de la laïcité, la visibilité même de signes ostensibles – selon la célèbre expression redondante – de religiosité est source de scandale et probablement, chez certains d’entre eux, d’érythème mal placé.

Depuis leur arrivée à l’Assemblée Nationale, les élus mélencho-bolivariens n’ont eu de cesse de se faire remarquer, et rarement pour leur tenue. Dans leur esprit, le tribun de la plèbe doit être imbuvable afin de montrer à ses électeurs que la lutte des classes, ça commence déjà par piétiner ce concept petit-bourgeois qu’est le savoir-vivre. Le député insoumis – pensent-ils – justifie vraiment son salaire lorsqu’il adopte le comportement ad hoc de l’activiste antisystème. En l’occurrence, et compte tenu du poids modeste de leur représentation parlementaire, il s’agit essentiellement de faire du vacarme sur les sièges du Palais Bourbon et du buzz sur les réseaux sociaux.

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Le seum

« Notre liberté de nous habiller. Voilà ce que nous voulons. » Ça débute comme une tirade girondine devant la Convention. On imagine le locuteur : redingote, culotte, bas de soie, lavallière, tout le tralala. L’instant est solennel : les libertés fondamentales sont en jeu. Au besoin, on joindra le geste à la parole en coupant quelques têtes qu’on hissera sur des piques afin de montrer au despote que, désormais, le choix des étoffes appartient au peuple souverain.

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Antioxydants

Au milieu de cette immense pelouse artificielle, vingt cinq types au garde-à-vous devant un ballon. C’est du sérieux : on parle de foot. Ce samedi soir se joue la finale de la Coupe de France de football, solennité religieuse s’il en est. Le Président de la République en personne est dans les tribunes ; son absence relèverait probablement du cas de la « haute trahison » prévu par la Constitution. Tout le monde est là, surtout les sponsors.

Mais chut. Avant de lâcher les fauves, on se recueille dans le stade. Les haut-parleurs demandent à la foule de garder un moment de componction en mémoire des victimes de l’attentat qui vient de toucher Manchester. Vingt trois personnes sont aujourd’hui mortes dans ce carnage : des familles avec des enfants et des ados peut-être pas tous faciles. Des gens normaux qui venaient assister à un concert sans se douter qu’un illuminé avait planifié de transformer la salle de spectacle en boucherie. Le silence se fait.

La veille du match, une trentaine d’Égyptiens se sont fait massacrer dans un bus par d’autres exécuteurs des basses œuvres de Daesh. Cette fois encore, les enfants n’ont pas été épargnés. Cependant, ces Coptes n’ont pas eu l’honneur de la commisération du speaker du stade qui se faisait, à cet instant, la voix officielle du pays des droits de l’Homme et du supporter. Les gentils organisateurs du Stade de France avaient certainement eu vent du carnage mais ils n’ont pas jugé bon de disperser leurs suffrages au-delà de la Méditerranée. Charité bien ordonnée…

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Manifestations, piège à cons

L’onde de choc causée par l’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis d’Amérique ne semble pas près de faiblir. Le désappointement des clintoniens est d’autant plus fort qu’on leur avait annoncé une victoire haut-la-main d’Hillary, la Mère la Victoire du nouveau désordre mondial. La guerre pour tous, ça devait être maintenant. Mais il faudra patienter d’autant plus que, chez nous, François Hollande a décidé de ne pas se présenter pour un nouveau mandat de destructions massives.

Une fois la victoire de Trump annoncée, on a eu droit aux manœuvres dilatoires habituelles. Il fallait évidemment recompter les voix : les USA ne sont pas la fédération socialiste du Nord de la France en 2008. Ensuite, on se mettait à gloser sur le système américain qui permettait à un candidat de l’emporter tout en ayant obtenu moins de voix que son concurrent. Mais c’est le jeu dans ce pays fédéral. Et la règle y est connue de tous et valable pour tous. Dans un match de tennis, ce n’est pas forcément celui qui marque le plus de points qui l’emporte. Wimbledon ne se gagne pas au contrôle continu et encore moins grâce à la discrimination positive. Si l’on ne possède pas l’esprit de compétition, il est préférable de pratiquer au niveau loisir.

Enfin, l’analyse s’est affinée en tentant de démontrer que Trump n’avait pas autant séduit l’électorat populaire que l’on voulait bien le prétendre. Là, on commence à reconnaître la défaite mais c’était à cause des hackers du Kremlin, du FBI et des poteaux carrés.

Maintenant se déroule le traditionnel « troisième tour social », baroud d’honneur des mauvais perdants qui n’aiment la démocratie que quand elle leur donne la fève. Tous ensemble, ils viennent hurler leur haine du fachisme, du sexisme et du complet-veston et faire cramer quelques poubelles qui l’avaient certainement bien cherché. Autour de cette cour des miracles virevolte une ribambelle de caméras de télévision qui, telle une nuée de vautours affamés guettant un convoi fourbu, viennent se disputer leur pitance de déchets organiques.

La dissidence antitrump n’a pas fini de brasser du vent. Tant qu’elle maîtrise son empreinte carbone, tout va bien.

Sinon, je voulais ajouter un truc, mais j’ai oublié quoi.

La dictature pour tous

Il n’a que faire du « démocratisme all-inclusive », le camarade Lordon. Laisser le ci-devant Finkielkraut déambuler impunément au milieu de la Place de la République eût fait, selon lui, suspecter de collusion les gentils organisateurs de la Nuit Debout© avec les « rouges-bruns ». Manifestant la paranoïa typique du dictateur, le Pasionario des amphis évoque les tentatives d’infiltration du mouvement statique par les sbires de la Réaction. Heureusement, le service d’ordre veille en éloignant les importuns avec force insultes, crachats et plus si affinités.

Encore que l’appellation « service d’ordre » ne soit pas très appropriée… En l’occurrence, on cherche moins à faire régner l’ordre que la peur. La sécurité du quidam passe bien après la traque de l’ennemi de classe. « Nous ne sommes pas amis avec tout le monde ! » prévient Lordon. « Et nous n’apportons pas la paix ! » ajoute-t-il en faisant son autochristique (Matthieu X ,34-36) et sous-entendant par là qu’il apporte le glaive. Ce ne sont pas les vertus évangéliques que sa milice antifink  est chargée d’appliquer mais, plus prosaïquement, de bouter de la place toute personne dont les penchants révolutionnaires laisseraient à désirer.

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Dessine-moi un curé !

Je ne sais pas ce que j’ai, en ce moment je ne me sens pas très Charlie. À vrai dire, cette forme d’acédie me tient depuis assez longtemps. Mais je ne dois pas être seul dans ce cas puisque on a même développé un traitement pour nous permettre de réintégrer la concorde nationale autour de valeurs aussi fédératrices que la vulgarité, le cynisme et la crétinerie.

Aujourd’hui sort le Charlie Hebdo nouveau auquel on feindra, à l’instar d’un Beaujolais du même acabit, de trouver un bon goût. Devant les kiosques à journaux, on va encore voir ces « citoyen-ne-s » faire le pied de grue pour obtenir leur dose d’insoumission subventionnée. Mais qu’on se rassure : désormais chaque foyer aura son exemplaire dudit journal avec sa poule au pot. Le précédent numéro avait été tiré à près de 8 millions d’exemplaires, celui-là sera tiré à 2,5 millions… pour commencer. Faudrait-il déboiser tout le pays pour fournir les imprimeries, nul ne devra dorénavant être privé de sa feuille de chou empreinte de cet anticléricalisme si désuet. Le bon peuple ne doit pas être privé de ses caricatures hebdomadaires sous prétexte qu’une spéculation morbide a fait grimper la cote du périodique satirique au niveau de celle d’une baudruche de Jeff Koons.

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No future for you !

« We are in a deep shit ! » – traduisez par « Nous sommes dans un embarras considérable » : les Femen viennent d’être lâchées par leur principal mécène, un milliardaire qui a fini par se lasser de leurs simagrées hystériques. Cet aveu des célèbres militantes « sextrémistes » me plonge dans la stupeur. J’avais sans doute été naïf de les croire lorsqu’elles affirmaient financer leur combat contre le patriarcat et la religion grâce à la seule vente de tee-shirts, de bracelets Rainbow Loom et de cakes à la sortie de la messe. Pourtant, leurs émoluments ne sont pas excessifs : leurs apparatchiks sont payées un SMIC-jeune pour montrer leurs seins, les supplétives ne s’exhibant que pour la gloire.

N’empêche que le pouvoir judiciaire commence à leur demander des comptes. L’État de droit – avec lequel elles ne sont pas familiarisées – vient se rappeler à leur bon souvenir. Car juridiquement parlant, elles en étaient restées à « Il est interdit d’interdire », estimant probablement que les pavés de Mai 68 avaient rendu Codes Civil et Pénal caduques. Cette indigence cérébrale qui vient s’ajouter à un sentiment de toute puissance et à une idéologie de far-west les rend étanches à toute forme de rationalité. Les tables rondes et autres disputatio philosophiques n’ont jamais été leur dada : le body-painting est plus approprié pour étaler un vocabulaire qui dépasse à peine 100 mots, même avec les gros. Du coup, elles ont systématiquement opté pour des modes d’action spectaculaires, souvent violents, toujours vulgaires.

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Piqûre de rappel

Verdict : acquitté. Un tonnerre d’applaudissements retentit dans la salle. Quelques instants plus tard, le Dr Bonnemaison sortait du tribunal au milieu d’une haie d’honneur formée par son fan-club. C’est tout juste si les euthanasiés n’ont pas surgi de leurs tombeaux pour venir rendre grâces à leur bienfaiteur. Des esprits chagrins s’étonneront peut-être de la clémence du jury face à de tels faits. « Dura lex, sed lex », c’était avant.

On a même entendu la satisfaction de certains ministres – dont celle en charge de la Santé – après un tel jugement. L’euthanasie pour tous, c’est maintenant. Enfin, pas tout à fait encore : la grande faute à l’Église catholique, dixit le président de l’ADMD. Sous des faux airs de chanteur d’opérette, ce dernier fait ici montre d’un humour digne du meilleur comique-troupier – comment, en effet, le soupçonner de se livrer involontairement à un anachronisme aussi grossier ? Notre homme a fait des études. Il sait bien à quel point ses chefs s’interdisent la moindre marque de respect à l’égard des pratiquants du dimanche. Un souverain normal ne se rendra jamais à Canossa, y compris en jet privé. À l’inverse, on l’aura vu parmi tous les candidats à l’Élysée courir pieds nus rue Cadet pour solliciter la bénédiction des membres du Grand Orient.

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Les idiotes inutiles

« Mais si l’émotion est grande, c’est que certains faits divers n’en sont pas, même lorsqu’ils sont l’œuvre d’un fou. En tout cas, elle permet d’aborder un climat qui laisse craindre ce genre de passages à l’acte. » Extraits de leur contexte, ces mots de Caroline Fourest pourraient sembler pertinents. Malheureusement, la lecture de son article nous montre notre opinioniste patentée se prendre une nouvelle fois les pieds dans le tapis. Le ton sentencieux dont elle use chroniquement parvient néanmoins à la faire passer pour compétente aux yeux de quelques gogos qui prennent le politiquement correct pour de la libre-pensée. Mais les diagnostics qu’elle pose d’un ton sans appel sont le plus souvent à côté de la plaque, sauf parfois où elle dit vrai comme le fait deux fois par jour une montre arrêtée.

Tout récemment, une église de mon quartier a été soigneusement vandalisée. Le coupable court toujours et je me garderai bien d’en faire un portrait robot idéologique comme cette dernière n’hésita pas à le faire dans d’autres circonstances. Si ça se trouve, il n’est même pas abonné à Charlie Hebdo… Mais l’ambiance est là. Les chiffres aussi, d’ailleurs : 80 % des « atteintes aux édifices religieux et aux sépultures » concernent des sites chrétiens. La couverture médiatique qui en est faite demeure toutefois confinée à la rubrique des chiens écrasés. Quant à l’indignation, elle n’a pas atteint ni l’Élysée, ni Matignon, ni même la rue de Solférino, lieux pourtant prompts à dégouliner de vertu outragée.

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