Étiquette : anticléricalisme

Santo subito !

Comme il était en route et approchait de Caracas, une lumière venant du ciel l’enveloppa soudain de sa clarté. Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : « Jean-Luc, Jean-Luc, pourquoi me persécuter ? ». Il répondit : « Qui es-tu, Seigneur ? ».

Voici le récit de sa conversion tel que la Légende Dorée aurait pu le narrer. Mais personne ne sait comment un tel prodige a pu survenir tant notre matamore bolivarien semblait cramponné à son anticléricalisme viscéral. On imaginait le membre premium du GODF bouffer du curé hasta la victoria. Mais la divine Providence en a voulu autrement. Jean-Luc est devenu un agent zélé de la bigotterie ultramontaine à une vitesse qui flirte avec les 300.000km/s.

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Bras d’honneur

Quand Anne Hidalgo reçoit des maçons à l’Hôtel de Ville de Paris, ce n’est pas nécessairement pour refaire l’enduit des murs ou colmater quelque fissure dans son palais presque royal. Parfois, c’est uniquement pour son bon plaisir, à condition que les maçons en question portent sautoir et gants – le bleu de travail et le bob, elle trouve ça moins sexy.

Son quartier général est une sorte de bunker idéologique bien à l’abri de la trivialité vécue par les citoyens. Parmi tous les fléaux qui s’abattent sur la populace, le dernier en date est la prolifération des rats, bestioles nihilistes qui n’ont même pas la décence d’épargner les quartiers pittoresques de la capitale. D’aucuns y discerneront un châtiment divin pour punir les électeurs d’Anne Hidalgo, d’autres n’y verront que la conséquence de la saleté ambiante. Pendant ce temps-là, à la mairie, on célèbre Che Guevara et les Femen, le guérillero sanguinaire et les baudruches hystériques, on organise des visites de musée à poil et du bal musette dans les cimetières.

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Carré d’as

Les pontes de la France Insoumise semblent avoir le culte qui les démange. À les écouter, le danger qui menace le pays, c’est ce petit reste de catholicisme que la Terreur révolutionnaire et la Troisième république ont laissé malgré elles. Dans leur conception totalitaire de la laïcité, la visibilité même de signes ostensibles – selon la célèbre expression redondante – de religiosité est source de scandale et probablement, chez certains d’entre eux, d’érythème mal placé.

Depuis leur arrivée à l’Assemblée Nationale, les élus mélencho-bolivariens n’ont eu de cesse de se faire remarquer, et rarement pour leur tenue. Dans leur esprit, le tribun de la plèbe doit être imbuvable afin de montrer à ses électeurs que la lutte des classes, ça commence déjà par piétiner ce concept petit-bourgeois qu’est le savoir-vivre. Le député insoumis – pensent-ils – justifie vraiment son salaire lorsqu’il adopte le comportement ad hoc de l’activiste antisystème. En l’occurrence, et compte tenu du poids modeste de leur représentation parlementaire, il s’agit essentiellement de faire du vacarme sur les sièges du Palais Bourbon et du buzz sur les réseaux sociaux.

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Dessine-moi un curé !

Je ne sais pas ce que j’ai, en ce moment je ne me sens pas très Charlie. À vrai dire, cette forme d’acédie me tient depuis assez longtemps. Mais je ne dois pas être seul dans ce cas puisque on a même développé un traitement pour nous permettre de réintégrer la concorde nationale autour de valeurs aussi fédératrices que la vulgarité, le cynisme et la crétinerie.

Aujourd’hui sort le Charlie Hebdo nouveau auquel on feindra, à l’instar d’un Beaujolais du même acabit, de trouver un bon goût. Devant les kiosques à journaux, on va encore voir ces « citoyen-ne-s » faire le pied de grue pour obtenir leur dose d’insoumission subventionnée. Mais qu’on se rassure : désormais chaque foyer aura son exemplaire dudit journal avec sa poule au pot. Le précédent numéro avait été tiré à près de 8 millions d’exemplaires, celui-là sera tiré à 2,5 millions… pour commencer. Faudrait-il déboiser tout le pays pour fournir les imprimeries, nul ne devra dorénavant être privé de sa feuille de chou empreinte de cet anticléricalisme si désuet. Le bon peuple ne doit pas être privé de ses caricatures hebdomadaires sous prétexte qu’une spéculation morbide a fait grimper la cote du périodique satirique au niveau de celle d’une baudruche de Jeff Koons.

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Gros rouge (qui tâche)

8 avril 2013, 7 heures et des poussières : Jean-Louis Mélenchon, chef de file du Front de Gauche, vient d’apprendre par la radio la mort de Margaret Thatcher. Malgré une légère gueule de bois causée par les tequilas boum boum de la veille, il se sent soudain envahi par une sensation de bien-être assez inhabituelle chez lui. Lors, il se précipite sur son ordinateur, encore vêtu de son pyjama made in DPRK, dans un réflexe tout reptilien : il va s’exprimer sur Twitter afin de répandre pour ses 137.807 abonnés une parole forte, solennelle, digne d’un ex-candidat à la présidence de la République. Le lettré qu’il est cisèle un message – presque un haiku – qui sera posté afin de satisfaire ses followers avides de vérité. À 7h 33, le verbe se fait tweet : « Margaret Tchatcher va découvrir en enfer ce qu’elle a fait aux mineurs. »

Beaucoup pensaient que Jean-Claude Mélenchon ne croyait ni à Dieu ni à Diable : erreur ! Il a, à plusieurs reprises, professé sa foi envers le second. On constate que sa religion à lui comporte, elle aussi, une dimension sotériologique, avec toutefois un accent franchement mis sur la damnation. Pour ce qui concerne le salut, son espérance semble se limiter à l’avènement du paradis socialiste à la place de cette république qui tolère encore les agissements des bigots réactionnaires.

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