Étiquette : Caroline Fourest

WTF, OMG & DTC

Ce fut avec une grande joie que j’avais appris le dégonflage, sinon de l’ego d’un plasticien qui eût mieux fait de travailler le béton armé, du moins de son œuvre le lendemain même de son érection. Il faut dire que son sapin de Noël était carrément nul. Mais quand on est aaartiste,  faire briller les yeux des bambins n’est pas une priorité au moment où, à la FIAC, les spéculateurs se pressent pour investir dans la supercherie conceptuelle. L’arbre pneumatique a donc été –  symboliquement – abattu et c’est bien fait pour sa goule. On nous serine tant avec ces créateurs subversifs qui, au travers de leurs trouvailles, cherchent à susciter le questionnement. Cette fois-ci, on a trouvé la réponse, et démocratiquement pour une fois : la plèbe locale a réagi, ce qui devrait satisfaire Paul McCarthy, au fond.

Il faut ajouter que ce dernier faisait dans le subliminal : si le sapin était si moche, c’est qu’il s’agissait en fait d’un objet hybride. Dès le début, j’avais bien repéré la similitude avec un pion de Monopoly. Installé Place Vendôme, on pouvait aisément saisir la finesse de la saillie anticapitaliste. Choquer le bourgeois demeure un axe majeur de l’art contemporain : ça coûte pas cher et ça peut rapporter gros.

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Les idiotes inutiles

« Mais si l’émotion est grande, c’est que certains faits divers n’en sont pas, même lorsqu’ils sont l’œuvre d’un fou. En tout cas, elle permet d’aborder un climat qui laisse craindre ce genre de passages à l’acte. » Extraits de leur contexte, ces mots de Caroline Fourest pourraient sembler pertinents. Malheureusement, la lecture de son article nous montre notre opinioniste patentée se prendre une nouvelle fois les pieds dans le tapis. Le ton sentencieux dont elle use chroniquement parvient néanmoins à la faire passer pour compétente aux yeux de quelques gogos qui prennent le politiquement correct pour de la libre-pensée. Mais les diagnostics qu’elle pose d’un ton sans appel sont le plus souvent à côté de la plaque, sauf parfois où elle dit vrai comme le fait deux fois par jour une montre arrêtée.

Tout récemment, une église de mon quartier a été soigneusement vandalisée. Le coupable court toujours et je me garderai bien d’en faire un portrait robot idéologique comme cette dernière n’hésita pas à le faire dans d’autres circonstances. Si ça se trouve, il n’est même pas abonné à Charlie Hebdo… Mais l’ambiance est là. Les chiffres aussi, d’ailleurs : 80 % des « atteintes aux édifices religieux et aux sépultures » concernent des sites chrétiens. La couverture médiatique qui en est faite demeure toutefois confinée à la rubrique des chiens écrasés. Quant à l’indignation, elle n’a pas atteint ni l’Élysée, ni Matignon, ni même la rue de Solférino, lieux pourtant prompts à dégouliner de vertu outragée.

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Les Femen ont-elles une âme ?

Quel talent, ces Femen ! Parvenir à incarner avec une telle intensité la vulgarité, l’inculture et l’imbécilité réunies force le respect. Bon, il est peu probable qu’elles aient eu à pratiquer la méthode de Stanislavski pour réussir cette performance : leur numéro d’hystérie extatique ne tient pas du rôle de composition. Mais elles veulent faire parler d’elles et l’on ne peut nier qu’elles y parviennent et, ce, sans jamais tomber dans la finesse.

Récemment, elles avaient organisé un show à Milan. Voulant mettre un coup de pression à Berlusconi qui présentait sa candidature aux dernières élections législatives, elles étaient arrivées désapées, peinturlurées et belliqueuses comme à leur habitude. Elles scandaient « Basta Sylvio », imaginant naïvement bouter l’animateur des soirées « bunga bunga » par la seule force de trois paires de nénés.

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Salut l’artiste !

La semaine passée, la célèbre Caroline Fourest a été promue chevalier de l’ordre des Arts et Lettres. Bien entendu, cette info ne pouvait pas laisser la clique réactionnaire indifférente. Sur les réseaux sociaux, chacun y allait de son petit commentaire sur l’opportunité de cette décoration, le plus souvent pour évoquer le décalage entre la suffisance fourestienne sur la forme et son insuffisance sur le fond.

De fait, ses prestations médiatiques la font apparaître moins comme une journaliste que comme une militante. Lorsqu’elle guerroie contre l’obscurantisme, l’objectivité pâtit salement. Quant à l’exactitude factuelle et la rigueur intellectuelle, elles sont à chercher du côté des dégâts collatéraux. Quand ses copines Femen font irruption au milieu d’une manifestation organisée par des catholiques traditionalistes en vociférant et en vidant des extincteurs sur la foule, notre trouvère en fait une geste dans laquelle la réalité vient elle aussi subir quelque violence. Ainsi, les furies dépoitraillées voient leur action qualifiée de « protestation pacifique et drôle ». Et les messages qu’elles arborent peints sur leurs torses –  « FUCK GOD », « FUCK CHURCH » et plus si affinités… – deviennent autant de « slogans humoristiques ». Décidément, Caroline aime la rigolade. Et pas trop fine, s’il vous plaît.

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Infailliblement pontifiante

Vous l’avez sans doute aperçue dans un de ces débats byzantins dont la télé publique raffole. Le visage orné d’un petit sourire en coin, elle vient faire méthodiquement, et sur leur terrain, la leçon à des docteurs en sciences humaines ou divines. C’est Gros-Jean qui remontre à son curé, encore que Caroline Fourest ne fréquente probablement pas son curé, et de toute façon, ne traite pas avec les subalternes : elle préfère tancer le Pape qui, à ses yeux, vérifie le principe de Peter relatif au niveau d’incompétence promis, un jour, à tous ceux qui progressent au sein d’une hiérarchie. Ne doutant de rien, et surtout pas d’elle-même, elle se verrait bien lui faire le catéchisme, en lui tapant sur les doigts pour le punir de « l’évolution rétrograde du Vatican » dont il se serait rendu coupable. Car, autant l’avouer sans ambages : après avoir sacrifié ses plus belles années dans les obscures et moites Archives Secrètes du Vatican à déchiffrer des grimoires poussiéreux, elle peut enfin proclamer « le caractère conservateur de Benoît XVI ». Pensez bien au poids d’une telle accusation quand elle émane ex cathedra d’une « intellectuelle engagée » qui ne se lasse pas de nous rappeler à quel point ses recherches sont empreintes d’une rigueur inquisitoriale à la limite du scrupule et dénuées de tout a priori !

C’est pourtant la même qui évoque « l’envie de ferrailler contre tous les fanatiques (et leurs amis) » qui la meut. Mais d’abord, qu’est-ce qu’un « fanatique » ? Sur quels critères objectifs peut-on déterminer l’appartenance à cette catégorie de « fanatique » ? Quels sont les signes ostensibles qui permettent de distinguer le croyant fréquentable de l’ignoble « fanatique » qui n’est – soyons réalistes – qu’un « théocrate » en puissance ? Et quelles tentations doit-on vaincre afin de ne pas faillir en devenant « fanatique » ? On aura compris que de telles questions sont trop complexes pour être traitées par n’importe qui (vous, par exemple) : elles appellent le jugement, au cas par cas, de la spécialiste qui a « lu, étudié, comparé », et qui « a écrit de nombreux essais sur l’extrême droite, l’intégrisme (juif, chrétien et musulman), mais aussi contre les préjugés ». Grâce à un flair sans égal, elle débusque le « fanatique » avant de le démasquer, puis le démystifier, et enfin le ridiculiser en public, voire même (note : la locution « voire même » est parfaitement correcte et non une forme redondante) lui faire sauter ses subventions, si affinités. Search and destroy.

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