« Notre liberté de nous habiller. Voilà ce que nous voulons. » Ça débute comme une tirade girondine devant la Convention. On imagine le locuteur : redingote, culotte, bas de soie, lavallière, tout le tralala. L’instant est solennel : les libertés fondamentales sont en jeu. Au besoin, on joindra le geste à la parole en coupant quelques têtes qu’on hissera sur des piques afin de montrer au despote que, désormais, le choix des étoffes appartient au peuple souverain.
Étiquette : lycéens
Les Droits de l’Homme au bout du flingue
Je dois confesser mon espoir que quelque militant – ou simple compagnon de route – de la FIDL échoue ici, probablement suite à une requête mal orthographiée sur Google, et lise – selon la fameuse méthode globale dont il est l’un des dégât collatéraux – ce texte qui va dire du mal de lui et de ses sbires ridiculement grandiloquents.
La propagande actuelle nous affirme que, bien qu’ils soient encore en plein apprentissage, ces teenagers sont déjà en mesure de saisir tous les enjeux posés par les questions de géopolitique ou de macroéconomie. En oubliant que leur niveau culturel correspond, peu ou prou, à celui qu’avaient leurs aïeux à l’école primaire. Mais conscients du potentiel tactique que représente cette masse de jeunes, quelques politiciens rusés font mine de s’enthousiasmer devant une telle aptitude à se mobiliser pour faire les clowns dans la rue. Bien entendu, personne ne songerait à soupçonner ces lycéens de se saisir de prétextes politiques pour sécher les cours en toute impunité, hein… Usant de toute la démagogitude dont elle est coutumière, Ségolène Royal les a envoyés dans les pattes du président Sarkozy, son ennemi juré. Il faut bien que servent à quelque chose ces gangs d’écervelés.
Solidaires ? Non : grégaires !
Je viens vous parler d’un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître. Le ministre de l’Éducation Nationale d’alors s’appelait Monory, mais il se fit voler la vedette par son délégué chargé de l’enseignement supérieur, Alain Devaquet. Ce dernier profita de son passage éclair au gouvernement pour énerver une bonne partie de la jeunesse – il eût été bien sot de s’en priver. Et c’est une bavure policière, rue Monsieur le Prince, qui mit fin aux jours d’un malchanceux allergique aux coups de matraque, ainsi qu’au projet de loi qui avait déclenché l’ire estudiantine.
Entretemps, les manifestations se multiplièrent, au rythme du désormais célèbre « … si tu savais, ta réforme, où on s’la met… ». Dans mon lycée, un quarteron d’élèves au charisme dévoyé nous répétait scrupuleusement les mots d’ordre que des adultes avaient mis dans les crânes. Une prof d’histoire-géo – physique ingrat et pull-over rouge – tenait lieu de commissaire politique. Ensemble, ils galvanisaient leurs camarades et les exhortaient à lutter contre le Mal, c’est-à-dire le RPR.