Étiquette : Mélenchon

Santo subito !

Comme il était en route et approchait de Caracas, une lumière venant du ciel l’enveloppa soudain de sa clarté. Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : « Jean-Luc, Jean-Luc, pourquoi me persécuter ? ». Il répondit : « Qui es-tu, Seigneur ? ».

Voici le récit de sa conversion tel que la Légende Dorée aurait pu le narrer. Mais personne ne sait comment un tel prodige a pu survenir tant notre matamore bolivarien semblait cramponné à son anticléricalisme viscéral. On imaginait le membre premium du GODF bouffer du curé hasta la victoria. Mais la divine Providence en a voulu autrement. Jean-Luc est devenu un agent zélé de la bigotterie ultramontaine à une vitesse qui flirte avec les 300.000km/s.

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Carré d’as

Les pontes de la France Insoumise semblent avoir le culte qui les démange. À les écouter, le danger qui menace le pays, c’est ce petit reste de catholicisme que la Terreur révolutionnaire et la Troisième république ont laissé malgré elles. Dans leur conception totalitaire de la laïcité, la visibilité même de signes ostensibles – selon la célèbre expression redondante – de religiosité est source de scandale et probablement, chez certains d’entre eux, d’érythème mal placé.

Depuis leur arrivée à l’Assemblée Nationale, les élus mélencho-bolivariens n’ont eu de cesse de se faire remarquer, et rarement pour leur tenue. Dans leur esprit, le tribun de la plèbe doit être imbuvable afin de montrer à ses électeurs que la lutte des classes, ça commence déjà par piétiner ce concept petit-bourgeois qu’est le savoir-vivre. Le député insoumis – pensent-ils – justifie vraiment son salaire lorsqu’il adopte le comportement ad hoc de l’activiste antisystème. En l’occurrence, et compte tenu du poids modeste de leur représentation parlementaire, il s’agit essentiellement de faire du vacarme sur les sièges du Palais Bourbon et du buzz sur les réseaux sociaux.

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De l’autre côté du miroir

Si la Curie romaine a finalement arrêté de mettre à jour son Index, Jean-Luc Mélenchon semble décidé à établir le sien, destiné à condamner toute publication qui tenterait de mitiger le bilan globalement positif de ses modèles politiques. Dans le collimateur du camarade, le ci-devant Lorant Deutsch, auteur de best-sellers sur l’Histoire de France, devenu la bête noire du Parti de Gauche depuis qu’il s’est permis d’écorner l’image d’une Révolution Française qui n’aurait fait tomber que quelques têtes par inadvertance. S’il n’y avait de coupables que lui et son éditeur, cela pourrait encore passer, mais le scandale est parfait dès lors qu’il trouve comme complices le service public télévisuel ou la municipalité de Paris pour faire la réclame de ses ouvrages trop nuancés quant aux bienfaits de la bascule à Charlot.

Comment un régime socialiste qui se respecte peut-il ainsi servir de tête de gondole à un écrivain que le citoyen Corbière – le bras gauche de Mélenchon – accuse de n’être qu’un « populiste chrétien » , autrement dit un agent de l’obscurantisme ? Les hérauts du populisme antichrétien ne sauraient voir surgir la Réaction sans réagir aussi sec. Ne perdant pas les bonnes vieilles habitudes, ils ont commencé par dresser une liste, non exhaustive bien sûr. On ne demande pas forcément l’embastillement des Lorant Deutsch, Franck Ferrand, Jean Sévillia, Stéphane Bern – puisqu’on n’est plus sous l’Ancien Régime et pas encore en dictature communiste – mais on sollicite avec insistance la diffusion de documentaires plus socialement corrects, comme le ferait un McCarthy converti au marxisme-mélenchonisme.

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Gros rouge (qui tâche)

8 avril 2013, 7 heures et des poussières : Jean-Louis Mélenchon, chef de file du Front de Gauche, vient d’apprendre par la radio la mort de Margaret Thatcher. Malgré une légère gueule de bois causée par les tequilas boum boum de la veille, il se sent soudain envahi par une sensation de bien-être assez inhabituelle chez lui. Lors, il se précipite sur son ordinateur, encore vêtu de son pyjama made in DPRK, dans un réflexe tout reptilien : il va s’exprimer sur Twitter afin de répandre pour ses 137.807 abonnés une parole forte, solennelle, digne d’un ex-candidat à la présidence de la République. Le lettré qu’il est cisèle un message – presque un haiku – qui sera posté afin de satisfaire ses followers avides de vérité. À 7h 33, le verbe se fait tweet : « Margaret Tchatcher va découvrir en enfer ce qu’elle a fait aux mineurs. »

Beaucoup pensaient que Jean-Claude Mélenchon ne croyait ni à Dieu ni à Diable : erreur ! Il a, à plusieurs reprises, professé sa foi envers le second. On constate que sa religion à lui comporte, elle aussi, une dimension sotériologique, avec toutefois un accent franchement mis sur la damnation. Pour ce qui concerne le salut, son espérance semble se limiter à l’avènement du paradis socialiste à la place de cette république qui tolère encore les agissements des bigots réactionnaires.

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