Étiquette : point Godwin

Harlem shake

Tourner sept fois sa langue dans sa poche avant de l’avoir vendue au chat : voilà ce qu’aurait dû faire Harlem Désir au moment où lui est venue, tout récemment, l’envie de se rappeler au buzz des amateurs de ses bons mots. Dans le souci qu’il a, dorénavant, de justifier son salaire, il multiplie les clashes à l’encontre de ses adversaires politiques dont il s’emploie à dénoncer les idées abjectes.

Sur le fond, il a une vision du monde aussi binaire que celle d’un militant de la FIDL. Mais là où le maître se distingue de l’élève, c’est dans le style littéraire. Si le lycéen indigné se contente de scander des slogans hypnopédiques, le patron de la rue de Solférino s’est discipliné à user d’une prose plus subtile. Il a appris à manier la métaphore et la périphrase pour traiter qui bon lui semble de « fasciste » de façon classieuse. Il évoquera ceux qui viennent « ronger le pacte républicain », ceux qui ont « perdu leur boussole républicaine » ou encore ceux qui font se développer un « climat antirépublicain ». On l’aura remarqué : notre camarade – qui veut lancer une « croisade républicaine » – ne craint pas la répétition ad nauseam. Parfois, il s’aventure à déclamer des formules plus artistiques telle la « nébuleuse de la haine » qui ferait un excellent titre pour un polar ésotérique. Mais l’historien qui sommeille en lui sait varier les plaisirs et nous gratifier de références au « vocabulaire des années 30 ». Malheureusement, trop d’Histoire tue l’Histoire : il s’est bêtement pris les pieds dans le tapis le jour où il a revisité les heures sombres de la Guerre d’Espagne. Sa version des faits concernant le sort des réfugiés du camp républicain tranchait sensiblement avec ce qui ressort du travail des universitaires. C’est dommage.

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Tu ne tueras pas

Il y a quelques semaines, les informations nous ont livré une énième histoire de rapt d’enfant qui se révéla être, par la suite, une maladroite tentative de diversion tentant de dissimuler la mort de cette enfant. Morte de mauvais traitements. Un fait divers de plus, avant de passer au sport.

Cette petite fille eut le malheur de s’être développée avec un patrimoine génétique différent de celui de ses frères et sœurs. Peut-être qu’elle remuait trop à la maison, mangeait avec gloutonnerie ou fatiguait par l’attention soutenue que son comportement demandait à son entourage. Quoi qu’il en soit, elle ne dérangera plus personne. Son bref passage sur terre aura rapidement pris la forme d’un calvaire qu’en peu de temps nous aurons chassé de nos mémoires. Combien d’entre nous se souviennent d’elle, d’ailleurs ?

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