Si la Curie romaine a finalement arrêté de mettre à jour son Index, Jean-Luc Mélenchon semble décidé à établir le sien, destiné à condamner toute publication qui tenterait de mitiger le bilan globalement positif de ses modèles politiques. Dans le collimateur du camarade, le ci-devant Lorant Deutsch, auteur de best-sellers sur l’Histoire de France, devenu la bête noire du Parti de Gauche depuis qu’il s’est permis d’écorner l’image d’une Révolution Française qui n’aurait fait tomber que quelques têtes par inadvertance. S’il n’y avait de coupables que lui et son éditeur, cela pourrait encore passer, mais le scandale est parfait dès lors qu’il trouve comme complices le service public télévisuel ou la municipalité de Paris pour faire la réclame de ses ouvrages trop nuancés quant aux bienfaits de la bascule à Charlot.
Comment un régime socialiste qui se respecte peut-il ainsi servir de tête de gondole à un écrivain que le citoyen Corbière – le bras gauche de Mélenchon – accuse de n’être qu’un « populiste chrétien » , autrement dit un agent de l’obscurantisme ? Les hérauts du populisme antichrétien ne sauraient voir surgir la Réaction sans réagir aussi sec. Ne perdant pas les bonnes vieilles habitudes, ils ont commencé par dresser une liste, non exhaustive bien sûr. On ne demande pas forcément l’embastillement des Lorant Deutsch, Franck Ferrand, Jean Sévillia, Stéphane Bern – puisqu’on n’est plus sous l’Ancien Régime et pas encore en dictature communiste – mais on sollicite avec insistance la diffusion de documentaires plus socialement corrects, comme le ferait un McCarthy converti au marxisme-mélenchonisme.