Étiquette : snob

Autocratie

« Non mais ça va pas de répondre des trucs pareil [sic] ???? On se réveille les gars ??? Ici c’est Paris »

A-t-elle écrit ça elle-même – avec les pieds – ou est-ce l’œuvre de l’un de ses domestiques – elle a des gens, même pour tenir son parapluie – hâtivement bombardé community manager de ses réseaux sociaux ? Anne s’est métamorphosée en zélote de la mobilité verte, malgré son empreinte carbone honteuse. Les anciennes pécheresses ont souvent donné les puritaines les plus sévères. Mais elles, au moins, étaient vraiment converties.

Car Madame se fait trimballer pour quelques dizaines de mètres – à l’insu des caméras – en faisant fi du code de la route et des grands principes éco-responsables qu’elle affiche en société. Sans vergogne, elle est allée récemment proposer son expertise en matière de pistes cyclables au maire de Kiev.

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La poule aux œufs d’or

Après avoir amoché, en 2008, Versailles avec les bibelots kitsch de Jeff Koons – le cru 2009 avec Xavier Veilhan étant à peine « moins pire » – le pétillant Jean-Jacques Aillagon récidive en accueillant Takashi Murakami et son univers manga transgressif. Ce dernier prétend – comme tout artiste contemporain qui a bien appris sa leçon de marketing – « dénoncer ». Car désormais, l’artiste se sent obligé de « dénoncer » : le verbe se mue en intransitif et la démarche esthétique devient politique dans une société risquant à chaque instant de retourner vers ses heures les plus sombres… Mouche du coche surnuméraire, il vient se joindre à la corporation des commissaires politiques plasticiens qui ont compris que, savamment dosée, la provocation pouvait se révéler très rentable financièrement parlant. De fait, la principale difficulté de leur métier consiste à jouer de leurs relations pour se trouver le mécène – collectivité locale ou industriel prodigue – qui voudra bien les entretenir.

Voici donc le château de Versailles meublé de ces objets ronds et multicolores dont la présence semble ne pas incommoder qu’une poignée d’irréductibles royalistes – les visiteurs japonais ou coréens n’ont pas nécessairement le discours formaté du parisien timoré qui ne craint qu’une chose : passer pour un béotien ou un réac. Mais l’art consommé du gérant des lieux comme de ses supplétifs – des consultants télévisuels en histoire de l’art qui parlent comme des vendeurs d’encyclopédies à domicile, à coups d’arguments prédigérés convoquant le pop art, l’impressionnisme et le baroque – vise, plutôt que de convaincre, à dénigrer toute opposition en la présentant comme l’expression des humeurs atrabilaires de dégénérés extrémistes, ce qui n’est pourtant pas toujours le cas.

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