Étiquette : Vatican II

Hommage (ou presque)

Figure emblématique du courant traditionaliste, l’abbé de Nantes est mort il y a quelques mois, en laissant derrière lui une communauté – parfois perçue comme une secte – de fidèles dont beaucoup manifestaient – et continuent de le faire – une « nantolâtrie » qui semble avoir triomphé de leur libre-arbitre. Avant même la fin du dernier Concile, il avait commencé à dénoncer l’apostasie – selon lui – réalisée par les Pères conciliaires. Il y dénonçait une nouvelle religion dans laquelle le culte de l’homme remplaçait celui consacré à Dieu ainsi qu’une conversion à un relativisme influencé par l’air du temps. Abordés pendant Vatican II, l’œcuménisme et la liberté religieuse furent sans doute les deux questions qui cristallisèrent – outre la réforme liturgique qui y fut entreprise – les foudres du prêtre qui se réclama toujours de la pensée de Maurras.

Dois-je rappeler mon imperméabilité à cette position traditionaliste selon laquelle Vatican II ne serait qu’un tissu d’hérésies ? Cette tentative de réfutation systématique ne m’a jamais convaincu, ni par la méthode choisie – une lecture durcie et hors contexte des textes qui présume leur hétérodoxie – ni par l’argumentaire – un discours verbeux dans lequel les détails l’emportent face à une vision globale du propos. Pour être franc, j’attendais quelque chose de plus satisfaisant de la part de gens présentés comme des théologiens.

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Hans Küng : une foi pas très catholique

Hans Küng est fatigué. Et fatigant, du coup. Les vitupérations qu’il répète en boucle, depuis des lustres, contre Rome ressemblent de plus en plus au crincrin produit par un vieux disque rayé. Pensant – comme beaucoup – que, répétées suffisamment, des inepties en deviennent des vérités, il vient d’écrire une Lettre ouverte aux évêques catholiques du monde, que les médias amis du Progrès ont trouvée fort intéressante et absolument conforme à leur credo humaniste et démocratique. L’ennui, c’est que venant d’un « théologien », ladite lettre manque cruellement d’arguments probants. Puisqu’il fut « expert » – nous rappelle-t-on – au Concile Vatican II, Küng aurait pu nous servir mieux que ce tissu de poncifs que l’on croirait alignés par notre Caroline Fourest nationale, dont l’arrogante cuistrerie en matière religieuse réussit à passer pour une marque d’autorité.

Car rien ne nous est épargné dans ce florilège de contre-vérités, d’à-peu-près et de raccourcis audacieux formulés à l’encontre de son ancien collègue de Tübingen, Josef Ratzinger : on y retrouve tout l’arsenal rhétorique du procès antiromain mené par les infos. Les chefs d’accusation sont graves : on reproche au Pape d’être catholique et de ne pas faire, du passé, table rase. Bien entendu, lorsque les griefs sont portés par un ancien professeur de théologie, le lecteur de bonne foi se prend à croire à la pertinence du propos. Hélas, l’étudiant qui formulerait une telle somme d’erreurs au baccalauréat canonique serait recalé ipso facto. En établir un relevé exhaustif serait aussi fastidieux pour moi – qui suis paresseux – que pour vous – qui l’êtes également. Nous nous contenterons donc d’un zapping – en français, un best of – des fioretti bien-pensants de celui qui réclame un Vatican III à la manière d’un élève turbulent qui demanderait à sauter une classe.

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Infailliblement pontifiante

Vous l’avez sans doute aperçue dans un de ces débats byzantins dont la télé publique raffole. Le visage orné d’un petit sourire en coin, elle vient faire méthodiquement, et sur leur terrain, la leçon à des docteurs en sciences humaines ou divines. C’est Gros-Jean qui remontre à son curé, encore que Caroline Fourest ne fréquente probablement pas son curé, et de toute façon, ne traite pas avec les subalternes : elle préfère tancer le Pape qui, à ses yeux, vérifie le principe de Peter relatif au niveau d’incompétence promis, un jour, à tous ceux qui progressent au sein d’une hiérarchie. Ne doutant de rien, et surtout pas d’elle-même, elle se verrait bien lui faire le catéchisme, en lui tapant sur les doigts pour le punir de « l’évolution rétrograde du Vatican » dont il se serait rendu coupable. Car, autant l’avouer sans ambages : après avoir sacrifié ses plus belles années dans les obscures et moites Archives Secrètes du Vatican à déchiffrer des grimoires poussiéreux, elle peut enfin proclamer « le caractère conservateur de Benoît XVI ». Pensez bien au poids d’une telle accusation quand elle émane ex cathedra d’une « intellectuelle engagée » qui ne se lasse pas de nous rappeler à quel point ses recherches sont empreintes d’une rigueur inquisitoriale à la limite du scrupule et dénuées de tout a priori !

C’est pourtant la même qui évoque « l’envie de ferrailler contre tous les fanatiques (et leurs amis) » qui la meut. Mais d’abord, qu’est-ce qu’un « fanatique » ? Sur quels critères objectifs peut-on déterminer l’appartenance à cette catégorie de « fanatique » ? Quels sont les signes ostensibles qui permettent de distinguer le croyant fréquentable de l’ignoble « fanatique » qui n’est – soyons réalistes – qu’un « théocrate » en puissance ? Et quelles tentations doit-on vaincre afin de ne pas faillir en devenant « fanatique » ? On aura compris que de telles questions sont trop complexes pour être traitées par n’importe qui (vous, par exemple) : elles appellent le jugement, au cas par cas, de la spécialiste qui a « lu, étudié, comparé », et qui « a écrit de nombreux essais sur l’extrême droite, l’intégrisme (juif, chrétien et musulman), mais aussi contre les préjugés ». Grâce à un flair sans égal, elle débusque le « fanatique » avant de le démasquer, puis le démystifier, et enfin le ridiculiser en public, voire même (note : la locution « voire même » est parfaitement correcte et non une forme redondante) lui faire sauter ses subventions, si affinités. Search and destroy.

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