C’est bien connu, on trouve les plus beaux specimens de criminels de guerre chez les vaincus. L’Histoire est écrite par les vainqueurs qui s’attribuent logiquement l’habit de lumière du héros justicier. Quant au peuple défait, il fournira les seconds rôles sans lesquels le vaillant soldat de la liberté n’aurait personne à expédier ad patres, sous les hourras d’une Union Sacrée avide de sang impur.
Au début de ce mois d’août 1945, le bon président Truman envoya deux bombardiers tester in vivo la plus merveilleuse arme de destruction massive que le génie humain ait inventée sur les nippons, estimant sans doute qu’ils l’avaient bien cherché, après tout, puisque c’est eux qu’avaient commencé.
Aujourd’hui, où l’on multiplie lois mémorielles, journées de commémoration, monuments mémoriaux devant lesquels chacun est tenu de battre sa coulpe, il est loisible de constater que les quelques centaines de milliers de victimes civiles de l’Empire du Soleil Levant ne pèsent pas lourd dans notre mauvaise conscience collective entretenue avec une étrange délectation.
Chez nous, on n’a pas convoqué les pleureuses pour ces habitants de Hiroshima et de Nagasaki dont les plus chanceux sont morts instantanément. Dans le flot quotidien d’envolées lyriques de nos droits-de-l’hommistes de service, pas une larme pour ces enfants, ces femmes, ces vieillards qui furent atomisés il y a soixante cinq ans. La charité universaliste a ses limites, semble-t-il…
Sinon, je voulais ajouter un truc, mais j’ai oublié quoi.