Autocratie

« Non mais ça va pas de répondre des trucs pareil [sic] ???? On se réveille les gars ??? Ici c’est Paris »

A-t-elle écrit ça elle-même – avec les pieds – ou est-ce l’œuvre de l’un de ses domestiques – elle a des gens, même pour tenir son parapluie – hâtivement bombardé community manager de ses réseaux sociaux ? Anne s’est métamorphosée en zélote de la mobilité verte, malgré son empreinte carbone honteuse. Les anciennes pécheresses ont souvent donné les puritaines les plus sévères. Mais elles, au moins, étaient vraiment converties.

Car Madame se fait trimballer pour quelques dizaines de mètres – à l’insu des caméras – en faisant fi du code de la route et des grands principes éco-responsables qu’elle affiche en société. Sans vergogne, elle est allée récemment proposer son expertise en matière de pistes cyclables au maire de Kiev.

Et lorsqu’elle doit traverser le pays afin d’assister à une étape du Tour de France, c’est un jet privé qu’elle emprunte pour aller encourager les forçats de la route. Prise en flagrant délit, elle a bien tenté un pieux mensonge pour se dédouaner mais celui-ci a malheureusement fait long feu. La mémère de Paris n’enfourche, quant à elle, une bicyclette qu’en présence de journalistes complaisants, et assez brièvement pour éviter tout érythème mal placé.

Depuis, elle a promulgué un nouvel édit car tel est son bon plaisir : le projet de ZTL – zone à trafic limité – dans son voisinage. Après avoir bouté les bagnoles puantes et pétaradantes hors de Paris, piétonnisé les voies sur berge et privatisé la rue de Rivoli, elle a décidé d’interdire aux gueux des faubourgs toute circulation automobile dans l’hypercentre de la capitale. Cette zone doit devenir un no car’s land. Excepté pour elle qui n’aura évidemment pas à se faire acheter un Passe Navigo afin de donner l’exemple. Rien à voir avec ces vils politiciens scandinaves qu’on peut croiser chez Ikea : il n’y a aucun risque de voir déambuler notre bourgmestresse au rayon lingerie de chez Monop’. Noblesse oblige…

Il faudrait néanmoins songer à troquer sa vulgaire auto, quasiment identique à celle du vulgum pecus – le chapelet accroché au rétroviseur ou le chien qui remue la tête sur la plage arrière en moins –, afin d’offrir à Doña Hidalgo un véhicule digne de son auguste personne. Un carrosse harnaché ferait certainement l’affaire : le côté m’as-tu-vu juste comme il sied. On prétexterait, bien entendu, sa production de CO2 inférieure à celle de crottin. À l’inverse de sa passagère.

Sinon, je voulais ajouter un truc, mais j’ai oublié quoi.