Offrons un nouveau tonnerre d’applaudissements au jury d’Oslo. Car pouvoir autant rigoler en temps de crise boursière et de péril grippal est si rare. Allez, on se la repasse encore une fois : « Barack Obama a reçu Prix Nobel de la Paix 2009 »… Sauf si vous avez passé tout votre vendredi à flotter mollement dans un caisson d’isolation sensorielle, vous n’avez pu échapper à l’info. Normalement, des trucs comme ça, c’est réservé au 1er avril. Mais là, le jury du Nobel a décidé de se lâcher, de nous faire un truc rock and roll, pour la beauté du geste. Bien entendu, notre hillaryté laisse demeurer en nous un certain nombre de questions relatives à une telle désignation. Car octroyer ledit Prix à l’actuel gérant de la boutique de l’Uncle Sam a tout de même de quoi dérouter…
Puisqu’il s’agit d’une décision collégiale, on peut déjà s’interroger sur la manière dont le vote s’est effectué. S’est-il inspiré des méthodes en vogue dans certaines cellules socialistes de la région lilloise ? D’ailleurs, qui compose ce comité distributeur des satisfecit qui couronnent glorieusement les carrières exemplaires ? En mon for intérieur, je me suis mis à imaginer qu’il s’y trouvât des Afghans ou des Irakiens n’ayant pu faire comptabiliser leurs suffrages, lors du vote à main levée, pour cause de membres amputés par quelque « frappe chirurgicale » opérée par les édificateurs du nouvel ordre mondial.
Je veux bien croire que le Président des États-Unis a lui-même été stupéfait d’apprendre qu’il avait été honoré d’un tel prix sans l’avoir fait exprès. Car habituellement, ce genre de gratification est plutôt octroyé à des personnages exotiques qui, l’espace d’un flash du journal télévisé, accèdent à leur quart d’heure de célébrité. Notons que les exceptions incarnées par Jimmy Carter et Al Gore tiennent au fait que l’un et l’autre étaient rangés des affaires, et, du coup, fuyaient l’emmerdement domestique en faisant du bénévolat tiers-mondiste ou écolo entre deux parcours de golf. Cependant, il est indéniable que le Prix Nobel de la Paix est plus ouvert aux people que celui de Médecine, ordinairement réservé à des chefs-laborantins ayant sacrifié 40 ans de recherche – et quelques tonnes de souris – pour se voir enfin nobélisés.
Maintenant, après avoir placé la barre aussi haut, le jury osloïte trouvera-t-il le moyen de nous surprendre encore ? Va-t-il retomber dans la facilité d’antan consistant à choisir un militant des Droits de l’Homme en poncho aux couleurs chatoyantes, ou saura-t-il faire preuve, comme cette année, de créativité et d’humour ? M’inspirant de leur dernière trouvaille, je leur proposerais bien d’élire Fantômas, l’année prochaine. Il présente, en effet, pas mal de similitudes avec l’actuel président américain : grand, svelte, il porte beau dans son costume bespoke et prétend également au poste envié de Maître du Monde. La principale différence, qui pourrait être un atout, tient à la couleur de Fantômas qui, lui, est bleu.
Sinon, je voulais ajouter un truc, mais j’ai oublié quoi.